Le blogue du Québec maritime
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Atelier Côtier, Îles de la Madeleine
Mathieu Dupuis
À la rencontre d’artisans du Québec maritime
De tout temps, les éléments naturels de la forêt et du fleuve ont inspiré la sensibilité humaine. Le Québec maritime ne fait pas exception. Ses beautés exceptionnelles, ses particularités et ses richesses propres à ses régions se révèlent au travers du talent de ses artistes et de ses artisans. Algues, mousses, fourrures, lichens, coquillages et sapinages trouvent parfois une seconde vie et se déploient tout autrement et en beauté, nourris par la créativité des riverains et des insulaires. Difficile de ne pas craquer pour le travail de ces artisans souvent animés par de fortes valeurs écologiques!
Cynthia Calusic, papeterie artisanale
L’Isle-Verte, Bas-Saint-Laurent
L’arrêt s’impose au cœur du village riverain de L’Isle-Verte pour aller à la rencontre de Cynthia Calusic. Depuis une vingtaine d’années, la poétesse et artisane façonne dans son atelier-boutique le papier de chiffon pour en faire de délicats et très jolis papiers et reliures. Elle y intègre des algues du Saint-Laurent, des fleurs, de la mousse de mer, de la sphaigne, ou encore plus récemment de la tourbe, afin d’insuffler à ses créations une poésie unique.
Difficile également de ne pas être charmé par cette technique ancienne de fabrication du papier que Cynthia se fait un plaisir d’expliciter lors de la visite de son atelier. Issue du Moyen-Âge, elle nécessite la réutilisation de vieux tissus ou de vieux vêtements. Au-delà de la beauté des papiers, ça touche d’emblée notre fibre écolo!
Rachel Monnier, fleuriste numérique
Percé, Gaspésie
J’ai immédiatement eu un coup de cœur pour le travail artistique de Rachel Monnier lorsque j’ai pénétré pour la première fois au cœur de sa charmante boutique à Percé. Cette artiste visuelle révèle l’immense beauté des algues qu’abrite le golfe du Saint-Laurent à travers son entreprise Raoul et Simone, qui se veut en quelque sorte un récit amoureux axé sur un homme de la mer et une femme de la forêt. Elle s’inspire de cette histoire qu’elle décline en différentes collections, comme tout autant de récits, pour reproduire ses arrangements floraux numériques sur du tissu, du verre ou du papier.
L’artiste cueille puis numérise des plantes, des algues et des fleurs lors de leur processus de séchage. Elle joue avec les textures, peut choisir de les tremper dans de l’eau salée saturée afin d’obtenir d’autres effets, et se constitue ainsi une originale bibliothèque de fleurs dans laquelle est peut puiser pour jouer à la fleuriste en créant ensuite des bouquets de manière numérique.
Une vie marine unique prend forme sur ses impressions et giclées sur toiles. Avec une grande sensibilité, elle fait voir toute la douce élégance et la splendeur des verges d'or et des mousses d'Irlande qu’elle trouve sur les berges. Rachel Monnier s’avère aussi une illustratrice de couvertures de livres. Elle a notamment illustré le très beau Les ombres blanches de Dominique Fortier et le roman gaspésien La bête creuse de Christophe Bernard.
Les artisanes innues
Uashat (Sept-Îles), Côte-Nord
Non seulement les chaussures qu’elles créent sont magnifiques, mais elles sont réalisées de manière à immortaliser un art ancestral. De fait, ces chaussures autochtones sont confectionnées à la main par les artisanes d’Atikuss, qui s’inspirent de méthodes traditionnelles de perlage et de tissage. Ainsi, en créant des bottes, des mukluks et des mocassins, ces artisanes contribuent à perpétuer un savoir-faire menacé de disparaître.
Les créations d’Atikuss sont réalisées à partir de peaux et de fourrures qui sont issues de la chasse écoresponsable, donc aucun gaspillage n’est toléré : tout sert à l’alimentation ou à la confection des produits artisanaux. Difficile de ne pas aimer cette entreprise équitable et écoresponsable qui met de l’avant le savoir-faire autochtone ancestral à travers son Économusée® et qui crée des bottes franchement splendides!
Les côtiers
Havre-Aubert, Îles de la Madeleine
J’ai d’abord connu ce fantastique espace sous le nom d’Artisans du sable, fondé alors par Albert Cummings et Nicole Grégoire. Depuis quelques années, c’est plutôt la fille du couple, Pauline-Gervaise Grégoire, ainsi que sept autres acolytes qui sont à la tête de cette formidable entreprise, connue désormais sous l’identité Atelier Côtier. Là, l’équipe multidisciplinaire de talent, une flotte créative comme ils aiment bien s’appeler, s’amuse à créer du beau!
La mer et le vent continuent certes autant à inspirer les artistes. De superbes produits de sable, de béton ou de bois y sont créés de même que des illustrations et des sérigraphies qui s’inspirent tout autant du milieu insulaire. L’atelier foisonne de créations de toutes sortes, mais impossible de ne pas craquer pour les décorations murales de baleines, de buccins et les horloges en sable.
Voilà pour moi quatre lieux franchement incontournables où s’arrêter pour admirer le talent des artistes et artisans du Québec maritime. Et il y en a bien d’autres où la halte s’impose tout autant! Je pense ici notamment à l’incroyable joaillier Wazo à Percé; aux créateurs de À marée basse aux Îles de la Madeleine; de Tibo, céramiste du Bas-Saint-Laurent dont les créations évoquent parfois des galets; et à Claude Belzile et Linda Gagné des Savons de l’atelier, sur la Côte-Nord, dont les précieux savons abritent parfois le sable des dunes de Tadoussac. Il faut prendre le temps d’aller à la rencontre de ces passionnés pour ensuite rapporter quelques fragments de l’immense beauté du Québec maritime avec soi.
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