Le blogue du Québec maritime
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Domaine Valga, Bas-Saint-Laurent
V. Martin @leblogcashpistache
Le Québec maritime vu par Vanessa, du blog Cash Pistache
Pour moi, visiter le Québec pour la première fois devait absolument m'amener à découvrir les origines de ce territoire. Aussi, je décidais de m'éloigner rapidement des grandes villes connues pour m'aventurer au Québec maritime.
Ici, l'océan s’avance dans les terres y créant une vaste échancrure. Au cœur du golfe du Saint-Laurent, la Gaspésie s'étend fièrement de tous ses parcs nationaux et de ses nombreux phares. En ce début d'automne, je pars en quête d'air iodé, de cimes roussies et de rencontres purement québécoises.
Avant de rejoindre ce bout du monde, je longe la mer au Bas-Saint-Laurent. Premier arrêt sur le quai face à Kamouraska afin d'apprécier ce village côtier saisi par le vent. Le visage fouetté de ces bourrasques aux effluves marines, je me sens déjà revivre dans ce déchaînement d'éléments. Je décide de m'arrêter là pour déjeuner. Des restaurants affichent largement leurs atouts maritimes d'un logo en forme de poisson quand je découvre une adresse qui me semble plus confidentielle. Traversant un petit jardin, j’accède au joli porche d’une grande bâtisse traditionnelle. À l’intérieur, j’observe la vaste salle à manger donnant sur la mer. La décoration est minimaliste, mais douce, rétro sans être désuète. De l’autre côté d’un étroit couloir se tient une épicerie fine drôlement achalandée allant de petits pots de gelées faites maison avec les mirabelles du coin à des bocaux de cuisses de pintade confites. L’ambiance est chaleureuse, invitant les visiteurs à entrer. L’ensemble est orchestré par un couple de Québécois passionnés par leur terroir.
Rencontre avec Perle Morency et Kim Côté de Côté Est à Kamouraska
Épuisés par leur participation active au Festival des champignons forestiers, Perle et Kim me reçoivent dans l'intimité de cette jovialité tranquille des lendemains de fête. Ils me racontent le Québec maritime coté Bas-Saint-Laurent. Il faut comprendre que la région possède une identité culinaire remarquable, un trio du terroir comme le souligne si bien Perle. On peut trouver dans l'assiette des aliments marins, des produits maraîchers incroyables, mais aussi des trésors issus de la forêt. Et c'est ainsi que le couple s'est posé cette question : « Qu'est-ce qu'on a à offrir qui est partie prenante de notre histoire, de notre présent, mais aussi de l'avenir à bâtir? ». Coté Est est alors apparu comme une réponse évidente à cet élan de partage, ce besoin d’accueillir les gens et de profiter ensemble des plaisirs de la table. Certes les produits sont au cœur de leur démarche, mais ce sont aussi les humains qui priment ici : les cultivateurs, les éleveurs, les gens qui travaillent chez Côté Est. On découvre dans cet établissement de Kamouraska, une table 100 % locale qui amène à déconstruire les préjugés et à une prise de conscience sur le bien manger.
Exaltée par cette discussion positive, je poursuis ma route en direction de Sainte-Anne-des-Monts, où je dois justement rencontrer la créatrice de Fourchette Bleue. Cette certification, qui regroupe déjà 200 restaurants et poissonneries au Québec, consiste à valoriser les espèces marines locales.
Rencontre avec Sandra Gauthier de Exploramer à Sainte-Anne-des-Monts
Sandra m'explique qu'il existe de nombreuses espèces que l'on ne consommait pas avant au Québec comme le crabe commun, les algues et les oursins verts. La plupart des Québécois n'en connaissaient pas la valeur gastronomique. Aussi, elle a eu l'idée de développer toute une gamme d'activités pour permettre aux gens de comprendre le Saint-Laurent. Exploramer est bien plus qu'un musée, c'est un lieu pluriel qui sensibilise au milieu marin. J'ai la chance de vivre une excursion en mer à bord du bateau d’Exploramer. À la manière de scientifiques, il s’agit de réaliser une cueillette d’informations sur les espèces capturées dans des casiers de pêche, puis de les libérer. J'observe le petit laboratoire sur mer qui se met en place et les explications précises de notre savant à bord. Et c'est en regardant les perles de mer glisser sur les vitres du bateau et l'horizon se faire chahuter, que je finis par comprendre l'attachement de Sandra à ce Québec maritime.
Je reprends le road trip après une petite boucle dans les terres pour découvrir le parc national de la Gaspésie et ses grandes forêts. Ensuite, s'étire de nouveau la route 132 comme un chapelet serpentant sur les côtes, seul espace horizontal entre l'ondulation de la mer et les montagnes abruptes. Puis, les phares rythment la journée, me rapprochant de la pointe de la Gaspésie.
À l'extrémité nord-est, le parc national Forillon se révèle aussi brut et intense que merveilleux. « Roffe » comme me l'avait décrit Sandra la veille. Cette péninsule sauvage est un vaste territoire, idéal pour sonder la nature incroyable de la Gaspésie. J'admire, perchée sur le belvédère du cap Bon-Ami, le ballet des oiseaux marins qui nichent au creux des falaises et les vagues qui s'écrasent avec fracas. Depuis les sentiers de randonnée, on peut apercevoir les phoques jouer dans les flots ou dormir paisiblement sur les rochers. Et c'est sur ce territoire, avec comme sublime toile de fond la baie de Gaspé et le golfe du Saint-Laurent, que les Premières Nations s'installèrent il y a plusieurs milliers d'années. Comme beaucoup d'Européens francophones qui viennent visiter le Québec maritime, je cherche à comprendre l'histoire des peuples autochtones.
Rencontre avec Kalika Sinnett directrice du Site d'interprétation Micmac de Gespeg
Kalika, de descendance micmaque, me reçoit dans l'une des salles colorées du musée où certains outils ancestraux de chasse et de pêche sont présentés. Elle me parle de ce peuple semi-nomade dont elle est issue. Le « peuple de l'aurore » est l’une des plus anciennes communautés au Canada. Au fil de la discussion, je ressens toute l'affection qu'elle porte à sa culture. La volonté du Site d’interprétation Micmac de Gespeg est de transmettre aux jeunes générations et aux visiteurs le mode de vie, la compréhension de l'histoire et les traditions des Mi’gmaq. Et le message passe très bien au travers de légendes contées et d'une reconstitution de village mi’gmaq d'autrefois.
En quittant Kalika, après quelques kilomètres, je découvre avec fascination le rocher Percé et l'île Bonaventure. Puis, en admirant l'envolée des fous de Bassan à l’aplomb des roches brunes et ocres, les mots de Kalika résonnent en moi. Le Québec maritime est une peinture faite de toutes les couleurs, dont certaines teintes se réinventent au fil du jour et des saisons.
La suite du voyage continue dans la Baie-des-Chaleurs sous une pluie tenace et un vent démesuré. En quête d'un abri hospitalier, je découvre l'atelier-boutique de Julie Frappier.
Rencontre avec Julie Frappier artiste et responsable de la boutique Verre et Bulles à Bonaventure
Julie est une artiste et créatrice multidisciplinaire. Elle travaille le verre et le métal, fabrique des savons naturels avec sa mère, crée des bijoux et des objets de décoration. On s'installe au fond du magasin, dans la partie atelier, où elle me présente sa technique de verre fusionné. Tout en découpant avec habileté des morceaux de verre multicolores, elle m'explique ce qui l'a poussée à emménager dans ce coin de la Gaspésie. « Le Québec maritime est unique », me confie-t-elle, « unique dans sa diversité, dans l’accent des gens qui fait chanter les paroles, unique parce que le temps semble s'arrêter parfois. » Ici on s'accorde à jaser, à se connaître. Cet intérêt pour les autres, elle le manifeste en diffusant les œuvres d'artistes qui n'ont pas la chance d'avoir un espace tel que celui-ci. Je passe l'après-midi en sa compagnie, laissant la tempête se calmer dehors.
Le soir venu, dans l'intimité d'une cabane au fond des bois, je repense à ces rencontres et à ces personnes aux actions positives presque militantes. Entre dévouement et engagement sincère, je touche du doigt le grand cœur du Québec maritime.
Une dernière rencontre me ramène au Bas-Saint-Laurent au cœur des forêts immenses. Le soleil se montre plus brillant que jamais en cette fin de séjour et je saisis l'occasion de réaliser mon rêve : faire du canot sur un lac au Québec. Je loge dans une grande auberge de bois rond tenue par Éric Gagné et sa famille.
Rencontre avec Éric Gagné au Domaine Valga à Saint-Gabriel-de-Rimouski
Éric et sa blonde Chantal ont trouvé le bonheur depuis plus de vingt ans en bâtissant une auberge de bois rond au bord d'un lac en forêt. Avec beaucoup d'émotion, c'est ce que cet ancien bûcheron me narre en se balançant sur son fauteuil depuis la terrasse de la maison. « Il a fallu bûcher plusieurs mois et ensuite monter les murs. C'était un énorme travail que l'on a fait par nous-mêmes. » Mais vivre en famille dans cette forêt ancestrale est la récompense. Éric ne se lasse pas des paysages, car continuellement les visiteurs lui rappellent la beauté des lieux. Son plus grand plaisir est de recevoir et d’assurer son rôle d'hôte. Deux chalets ornent la rive opposée du lac dans un effet sublime de carte postale. Ici, la convivialité est palpable, on a l'impression de connaître Éric depuis toujours. On s’assoit face à ce tableau parfait et on bavarde tranquillement. Espaces naturels infinis, pas de clôture ni de bruits, la liberté est omniprésente.
La fin de ce voyage se fera entre culture et nature du côté de Rimouski et son grand phare. Je dis au revoir au Québec maritime lors d'une dernière promenade au parc national du Bic qui se révèle d'une poésie rare.
Sur la route du retour, je songe à cette phrase étonnante de Julie, de Verre et Bulles, prononcée quelques jours plus tôt. « Ici, on peut redevenir un humain à une échelle normale. » Ce road trip m'a fait traverser des montagnes grandioses, frôler des falaises vertigineuses sous un ciel fait d'oiseaux, voguer entre les vagues et la danse des phoques, traverser un lac immobile. J'ai aussi pu vivre le silence des forêts, le vacarme des cascades et le souffle du vent. Alors, je crois qu'en effet, dans ces terres lointaines, l'homme reprend sa place dans l'admiration du monde qui l'entoure.
Pour en savoir plus sur le voyage de Vanessa, et pour découvrir celui des blogueurs Clo & Clem, visitez notre page Raconte-moi ton Québec maritime!
(1) commentaire
Van dijck willy
Merveilleux pays pour qui aime la nature et grands espaces j ai vécue 4 ans au Lac du cerf dans le nord une expérience de vie que je n oublierais jamais.