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Les Chic-Chocs : le trésor caché de l’Est canadien!
  • Jamie Walter

Les Chic-Chocs : le trésor caché de l’Est canadien!

Les skieurs qui ont grandi dans l’est de l’Amérique du Nord ont probablement tous entendu parler des fabuleux monts Chic-Chocs. Les premiers récits ont commencé à circuler lorsque des skieurs téméraires se sont aventurés dans les profondeurs de la péninsule gaspésienne à la recherche de cette terre promise, dont les paysages nous donnent l’impression d’être n’importe où, sauf sur la côte est. La zone alpine rappelle les sommets arrondis et les vastes cuves du Colorado, les forêts d’épinettes sont similaires à celles de la Colombie-Britannique, les villages typiquement québécois ont des airs européens, et la neige appartient à une catégorie à part. La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. Considérés aujourd’hui comme la mecque du ski, les Chic-Chocs figurent sur la liste de destinations de choix de tous les skieurs de l’est du continent.       

Le cœur des Chic-Chocs se trouve à sept heures de route au nord-est de la ville de Québec. La beauté du paysage le long de l’autoroute 20 et de la route 132 aide à passer le temps. La route traverse de paisibles villages côtiers, avant de se transformer en une étroite bande d’asphalte coincée entre les eaux couvertes de glaces du fleuve Saint-Laurent sur la gauche, et d’énormes caps abrupts sur la droite. C’est le genre de paysage que l’on associerait davantage à la Norvège qu’au Québec.  

En arrivant à Murdochville, nous avons l’impression d’aboutir dans un décor hivernal de rêve. De gigantesques bancs de neige hauts de plus de trois mètres bordent les rues, et les seuls véhicules stationnés devant l’unique restaurant de la ville sont des motoneiges. Autrefois une ville minière dynamique, Murdochville a trouvé d’autres façons de donner un second souffle à son économie depuis la fermeture de la mine en 1999. Un important développement d’énergie éolienne a jalonné les crêtes de hautes structures blanches, et l’engouement pour le ski hors piste attire maintenant de plus en plus de touristes, d’entreprises et de résidents dans le secteur. Entouré de montagnes impressionnantes et recevant plusieurs mètres de neige chaque hiver, le lieu revêt un caractère vraiment spécial.

Nous passons les deux jours suivants à faire du catskiing – du ski avec des déplacements en véhicule à chenilles – avec l’équipe de l’Auberge Chic-Chac. Bien qu’il s’agisse du seul endroit où l’on peut faire du catskiing dans l’Est, l’entreprise offre un service qui se compare avantageusement à ce que l’on trouve dans l’Ouest. Située dans la ville, l’auberge propose le déjeuner et le souper à ses clients, ainsi qu’un bar pour le traditionnel après-ski, en plus d’une formule d’hébergement similaire à celle des auberges de jeunesse. La nourriture est excellente, particulièrement les soupers gastronomiques fort appréciés après une longue journée de ski. Le forfait comprend même de copieux lunchs que nous dégustons durant une pause dans une tente de prospecteur chauffée, en bas des pentes du mont York.

L’Auberge Chic-Chac donne accès à un site exceptionnel. Avec deux secteurs distincts pour le catskiing – le mont York et le mont Porphyre – nous avons l’embarras du choix. Le plus vaste des deux, le mont York, compte 15 pentes longues et abruptes, dont plusieurs comportent des sauts naturels et des plateformes qui transforment les pistes en véritables terrains de jeux. L’autre secteur, le mont Porphyre, plus près de la ville, offre des points de vue panoramiques lorsque l’on descend du véhicule, en haut de la limite forestière. Même si les 12 pentes sont un peu plus faciles que celles du mont York, les sous-bois bien entretenus sont très agréables à dévaler.

La première journée débute par un rappel des notions de sécurité par notre guide Alexis Roy. Il insiste sur le fait que nous allons skier dans un milieu éloigné sur des pentes de calibre relevé, et s’assure que nous avons tous un DVA (détecteur de victimes d'avalanche), une pelle et une sonde (le Chic-Chac prête du matériel de sécurité en avalanche aux personnes qui n’en ont pas). Une fois que tout le monde est bien préparé, nous montons à bord du véhicule pour nous rendre vers le mont York. La journée est magnifique. Le soleil brille, la température d’environ -5 °C est confortable, et une dizaine de centimètres de neige fraîche nous attend. Dès nos premiers virages de la journée, c’est l’extase. La piste a une belle ligne de descente escarpée, les arbres sont parfaitement espacés et la poudreuse est légère et abondante. Même si nous sommes une douzaine à descendre dans le même sous-bois, il y a amplement d’espace et de neige pour tous.

Après deux belles journées de catskiing, nous changeons de rythme pour la deuxième partie de notre voyage : nous devons maintenant mériter nos virages. De Murdochville, nous roulons vers l’ouest jusqu’au début du sentier du mont Lyall. Notre ascension débute dans une belle forêt de conifères, et les nuages s’estompent au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude. La neige se fait de plus en plus abondante et les points de vue de plus en plus impressionnants en approchant de la limite forestière. Nous voyons devant nous la crête du sommet du mont Lyall, ponctuée de plusieurs chutes et d’aires ouvertes qui débouchent dans des sous-bois bien entretenus. Ils ont été aménagés par les mêmes ingénieurs forestiers qui ont travaillé sur le mont York. Entourés de ces belles montagnes dignes de l’Ouest, nous avons peine à croire que nous sommes toujours au Québec. Nous engloutissons rapidement nos sandwichs sur le sommet avant d’entreprendre notre descente, qui est étonnamment longue comparativement à l’approche qui, elle, nous a semblé relativement facile. Si le soleil n’était pas déjà aussi bas, nous aurions fait quelques descentes rapides de plus.

Plutôt que de retourner à Murdochville, nous poursuivons notre route vers le Gîte du Mont-Albert, qui se trouve à quelques kilomètres de l’endroit où nous avons skié. Situé en plein cœur du parc national de la Gaspésie, ce superbe hôtel est sans aucun doute le meilleur endroit où loger pour profiter des montagnes. Ce soir-là, nous nous offrons un délicieux souper trois services, composé d’une bonne soupe, d’un savoureux plat principal et d’un succulent dessert. Nous mangeons comme des rois dans cet établissement chaleureux, pendant qu’une belle neige tombe à l’extérieur.

Le lendemain matin, nous partons à destination du mont Albert, un vaste plateau dont la périphérie est taillée de grandes cuves, situé tout près du Gîte, également dans le parc national. L’ascension débute par une approche de 5 km sur un sentier que nous partageons avec d’autres amateurs de plein air, notamment des skieurs de fond et des raquetteurs. Nous prenons une pause pour le lunch dans un abri chauffé, tout juste en bas des cuves. Même si nos guides déterminent que l’instabilité de la neige plus en altitude rend les conditions trop dangereuses pour skier, nous sommes très heureux de simplement être dans un endroit aussi isolé et paisible.

Nous avons passé des moments incroyables à explorer les Chic-Chocs. Il s’agit d’une expérience sans pareil dans l’Est – un endroit combinant d’énormes montagnes et l’attitude toujours accueillante des gens de la côte est. Nous reviendrons sûrement dans le coin bientôt. Très bientôt.

Texte et photos par Jamie Walter

Tags ski
Catégories Quoi faire en hiver

Auteur Jamie Walter

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