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Que font les baleines dans le Saint-Laurent?
  • Marc Loiselle / Tourisme Côte-Nord - Manicouagan

Que font les baleines dans le Saint-Laurent?

Des milliers de baleines quittent l’Atlantique durant l’été pour se rendre dans le Saint-Laurent. Même que certaines remontent l’estuaire jusqu’à l’embouchure du fjord du Saguenay, à des milliers de kilomètres de leur aire de reproduction. Pourquoi? Car le Saint-Laurent regorge de poissons et de plancton, et que l’alimentation est l’activité principale des baleines en été!

Pourquoi le Saint-Laurent est-il un garde-manger si prisé?

En raison de la quantité et surtout de la concentration de proies qu’il contient. Sa haute productivité primaire, c’est-à-dire sa capacité à générer une abondance de nourriture pour plusieurs espèces, est liée au phénomène de la remontée des eaux profondes. Appelé « upwelling », celui-ci se produit entre autres à la tête du chenal Laurentien, au large de Tadoussac. Les eaux profondes sont entrainées à contrecourant depuis l’Atlantique vers le golfe du Saint-Laurent et la Gaspésie, poussées en surface par le courant de Gaspé. Un obstacle sous-marin comme un haut-fond pousse alors les eaux profondes vers la surface.

Ces eaux, souvent riches en matière organique décomposée, agissent comme engrais pour les algues microscopiques, le phytoplancton. Grâce à la lumière du Soleil accessible en surface et à cet apport en nutriments, elles agiront ensuite comme premier maillon qui transformera les eaux de surface en un énorme garde-manger pour la faune marine : zooplancton, poissons, oiseaux marins, phoques, baleines, etc.

Manger avant de jeûner

Les baleines, qu’elles aient des dents ou des fanons, profitent donc de la manne du Saint-Laurent pour faire des réserves. Certaines espèces, comme le rorqual à bosse, jeûneront durant la saison de reproduction. Elles doivent donc accumuler, en quelques mois, suffisamment de graisses pour migrer vers le sud à des milliers de kilomètres, se reproduire, passer l’hiver, donner naissance et revenir à nouveau dans le Saint-Laurent reprendre le poids perdu.

Il faut alors manger, manger et manger. Mais pour un rorqual commun, ouvrir la bouche demande beaucoup d’énergie. C’est un peu comme courir avec un parachute ouvert. Pour qu’une bouchée soit efficace, elle doit contenir une forte concentration de proies. Les observateurs, de la rive ou de la mer, auront alors le privilège d’observer des manœuvres visant à réunir les proies, qu’il s’agisse de petits poissons comme le capelan ou encore de krill, en un même endroit. Le Saint-Laurent est donc un excellent endroit pour observer le dynamisme des baleines!

Le cas du béluga

Que fait une baleine habitant habituellement dans l’Arctique dans un endroit autant au sud? Le béluga réside dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Saint-Laurent depuis plus de 10 000 ans! Lors de la fonte de la dernière glaciation, une immense mer intérieure s’est créée, allant des Grands Lacs jusqu’à l’Atlantique : la mer de Champlain. On y retrouvait alors des bélugas, mais aussi des baleines, des morses, des narvals et d’autres mammifères marins, dans ce qui est devenu les basses-terres du Saint-Laurent en amont de Québec et de la vallée de l’Outaouais. Les eaux se sont peu à peu retirées, les terres ont émergé, mais les bélugas du Saint-Laurent n’ont pas rejoint l’Arctique. Aujourd’hui, le béluga est le seul cétacé à vivre ici toute l’année. Il s’y reproduit, y élève ses petits et répond à tous ses besoins vitaux.

Maintenant que vous comprenez bien le rôle que joue le Saint-Laurent pour les baleines, qu’attendez-vous pour venir observer ces majestueux mammifères en action? Une foule d’options s’offrent à vous pour les admirer tout en respectant leur environnement!

Auteur Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), un organisme sans but lucratif voué à la recherche scientifique sur les baleines du Saint-Laurent et à l’éducation pour la conservation du milieu marin.

Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques et des observateurs.

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