Le blogue du Québec maritime

Rencontre avec le photographe Mathieu Dupuis
  • Mathieu Dupuis

Rencontre avec le photographe Mathieu Dupuis

Un passionné des régions maritimes du Québec

Mathieu Dupuis est un passionné! Muni de son appareil photo, il explore le monde à la recherche des meilleurs points de vue afin de capturer de magnifiques images qui reflètent la beauté d’un territoire et de ceux qui l’habitent. Dans son récent ouvrage publié par National Geographic, Mathieu Dupuis vous invite à découvrir toute la richesse et la diversité du Québec. Un chapitre complet est d’ailleurs dédié au Québec côté mer, une destination qui l’inspire grandement! Pour connaître les dessous de son métier et sa vision de notre coin de pays, nous lui avons posé quelques questions!

Le Québec maritime (LQM) : Toi qui as la chance de parcourir le monde pour ton travail, pourquoi avoir choisi le Québec pour ce projet de livre avec National Geographic?

Mathieu Dupuis (MD) : Le Québec, c’est la terre où je suis né. Ce genre de lien entre le territoire et une personne est unique. Contrairement aux sprints qu’imposent des reportages dans une destination étrangère, la réalisation d’un livre sur sa terre natale s’apparente plus à un long marathon. Il y a une implication très émotionnelle. Pour le projet de livre Québec avec National Geographic, j’ai fait un travail de fond qui s’est étalé plusieurs années. C’est un exercice de persévérance. Étrangement, après ces quelque 100 000 km de route sur le territoire et tous ces vols en avion, j’ai encore l’impression de n’avoir qu’effleuré mon sujet!

LQM : De quoi es-tu le plus fier dans la réalisation de ce livre?

MD : La marque National Geographic stimule l’imaginaire depuis plus d’une centaine d’années. C’est une référence en géographie et en voyage, mais surtout, c’est une marque qui inspire. Dans ce domaine, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Mes années de sacrifices et de travail acharné, ainsi que ma passion pour ce que je fais ont fini par m’y conduire! Je suis très fier d’avoir réuni les conditions gagnantes afin que ce projet ambitieux puisse voir le jour. Bien qu’au fond de moi-même, je sais à quel point ce fut un projet difficile au parcours semé d’embuches! Ça rehausse ce sentiment de travail accompli.

C’est aussi un privilège de partager ma vision du Québec aux lecteurs des quatre coins du monde!

LQM : Tu dis souvent que tu portes un grand amour pour les régions maritimes du Québec. Que représentent-elles à tes yeux?

MD : Je suis clairement un gars passionné par l’eau. Dans mon Abitibi natale, j’ai grandi sur un petit voilier de type dériveur et à bord de mon canot prospecteur bleu azur! D’aussi loin que je me rappelle, l’eau m’inspire. En 2007, j’ai même produit un livre intitulé Le Québec au fil de l’eau, un ouvrage photographique dédié au fleuve, aux lacs et aux rivières du Québec. C’est à ce moment que j’ai vraiment découvert le Québec maritime. Ce fut une véritable révélation. Chaque voyage dans ces quatre régions est inoubliable et l’inspiration est si facile à trouver!

LQM : Quel est ton endroit coup de cœur dans chacune de nos régions?

MD : La liste pourrait être très longue pour chacune! On dirait que mes souvenirs se bousculent à l’idée d’en sortir du lot! Mais si je dois m’en tenir à un seul lieu par région, allons-y ainsi :

Bas Saint-Laurent : Un lever de soleil au phare de l’île verte. Là où la grande beauté du paysage et l’héritage maritime du Québec se rencontrent! À mon dernier passage, j’ai réalisé ma séance photo matinale sous le regard d’une quinzaine de phoques!

Gaspésie : Me tenir au sommet du mont Coleman dans le froid mordant de l’hiver! Cet univers de glace est d’une beauté indescriptible et la vue sur les Chic-Chocs est à couper le souffle! Difficile de ne pas faire mention de la descente en skis de haute route qui réserve une belle gamme d’émotions en soi.

Côte-Nord : Rouler jusqu’au bout de la 138… À destination, continuer à pied jusqu’à l’épave du Brion près de Kegaska. Mais y aller pendant une tempête d’automne, c’est une expérience sans pareil. Voir ces murs d’eau se fracasser sur la rive morcelée du Saint-Laurent… Avec en trame de fond, l’épave du Brion déchirée par la puissance des éléments. Cette vision révèle la puissance du grand fleuve!

Îles de la Madeleine : L’île du Havre aux Maisons et plus précisément le secteur du chemin des Échoueries. Que ce soit depuis la plage ou du sommet des collines environnantes, la vue me réserve toujours de belles surprises! Spécialement au lever ou au coucher du soleil!

LQM : As-tu des anecdotes à nous raconter suite à tes visites dans nos régions?

MD : Chaque image de ce livre est une tranche de vie. C’est la beauté de la photographie. Quand tu veux de la magie sur tes images, tu dois vivre la destination à ton propre rythme. Composer avec la météo, ça demande du temps! Parfois, ça va bien, parfois tout part de travers.

Parmi mes moments mémorables, il y a ce voyage à l’île d’Anticosti avec une équipe de tournage de l’émission française Thalassa. Nous avions quitté à l’aube pour des heures de route sur la Trans-Anticosti. Je me rappelle que le plancher du camion était percé par la rouille et, sur des centaines de kilomètres, on voyageait littéralement dans un nuage de poussière. Nous avons ensuite entamé une marche de plusieurs kilomètres pour accéder à la chute Vauréal par le lit de la rivière. L’eau était haute et le courant très fort. De nombreux passages à gué étaient nécessaires. Le preneur de son, un Parisien pas très doué pour le plein air, avait un tempérament pour le moins grincheux. Il semblait tout sauf dans son élément et la journée s’annonçait pénible pour tout le monde.

Après quelques baignades forcées alors qu‘il traversait des rapides, son désir d’être ailleurs était à son comble! Mais lorsque la magnifique chute Vauréal s’est dévoilée au tournant du dernier méandre, j’ai vu ses yeux s’illuminer et son humeur se transformer! Il n’était plus le même! Sur le chemin du retour et lors de notre souper, devinez quoi? Nous avons entendu parler pendant des heures de cette merveille naturelle! Comme quoi, le charme d’Anticosti avait fait son œuvre!

LQM : Tu as fait plusieurs rencontres dans nos régions. Comment décrirais-tu le contact avec les locaux?

MD : D’ordre général, les Québécois sont de nature très accueillante. Dans les régions du Québec maritime, cet accueil légendaire est d’autant plus vrai! Pour me supporter dans ces missions photographiques, les gens du territoire m’ont aidé à toutes heures du jour ou de la nuit.

Je repense à Samuel qui est venu me chercher dans la nuit à Portneuf-sur-Mer avec son crabier afin de réaliser une séance photo à l’aurore entre les glaces du Saint-Laurent.

Ou à Jean-Guy de Sainte-Anne-des-Monts, qui est allé me tracer un chemin d’accès en motoneige en pleine nuit vers un sommet des Chic-Chocs afin que je puisse y accéder en vitesse pour le lever du soleil!

Des exemples comme ceux-ci, il y en a bon nombre à chacun de mes voyages!

LQM : Pourquoi devrait-on visiter les régions du Québec maritime au moins une fois dans sa vie?

MD : La réalité étant ce qu’elle est, le Québec est vaste et parfois difficile d’accès. Une chose est sûre, un voyage dans les régions maritimes du Québec ne laisse personne indifférent. Ce qui fait la beauté de ces destinations, c’est qu’elles sont complètes et qu’il y en a pour tous les goûts! De l’aventure ultime à l’expérience accessible!

LQM : As-tu des conseils pour les amateurs de photo qui seront de passage chez nous?

MD : S’il y a des endroits au Québec où c’est simple de faire de la photo, c’est bien dans ces quatre régions! La beauté est partout! Si j’ai un conseil à donner aux photographes amateurs qui visitent le territoire, c’est de se lever tôt et de se coucher tard! La qualité de la lumière vous le rendra bien!

Questions en rafale :

LQM : Si tu étais un animal du Québec maritime, lequel serais-tu?

MD : Quelque chose qui vole à coup sûr! Afin de planer des heures durant pour observer la beauté du Saint-Laurent.

LQM : Y a-t-il un endroit que tu rêves encore de photographier à ce jour?

MD : Au Québec : approfondir ma connaissance de la Basse-Côte-Nord et certains endroits plus difficiles d’accès du Nunavik!

Hors Québec : beaucoup, beaucoup de destinations! Suite à un voyage en Islande en 2014, j’ai l’appel de la Scandinavie depuis un moment déjà…

LQM : Y a-t-il un lieu dans nos régions que tu ne te lasseras jamais de visiter?

MD : Je peux dire que toutes les régions du Québec maritime figurent parmi les destinations où je peux continuellement retourner et dont je ne me lasse jamais. La diversité des paysages et la richesse des expériences en font des lieux où mon inspiration n’a pas de limite.

LQM : Quel est ton sujet de photo favori? (faune, personnage, phare, forêt, etc.)

MD : Un phare dans un magnifique paysage avec un personnage serait le summum!

LQM : Que préfères-tu de ton métier?

MD : Les défis! Ceux et celles qui pensent que la photographie professionnelle est un travail facile se trompent. Ce sont d’interminables heures attente, de la solitude, des heures de route et des réveils à l’aurore, jour après jour. Mais quand les éléments se réunissent pour une photo mémorable, ceci efface toutes les souffrances du métier.

LQM : Si tu n’étais pas photographe, quel métier exercerais-tu?

MD : J’hésite entre écrivain, pilote de brousse, explorateur professionnel ou ingénieur.

 

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