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Circuit motoneige Chic-Chocs-Forillon
  • Richard Marin

Circuit motoneige Chic-Chocs-Forillon

À la mémoire du «Loup»

15 mars, 8 h du matin, il fait -16°C à Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie. Le temps est clair et le soleil brille de toute sa splendeur. C’est le départ pour une randonnée de deux jours sur le circuit motoneige Chic-Chocs-Forillon avec un vieil ami; un « rider » d’expérience de plus ou moins 20 000 kilomètres par année. Tous deux originaires de la région et adeptes de ce terrain de jeu, nous savons très bien qu’avec ce genre de journée, dame Nature nous offrira ce qu’elle a de plus beau à montrer!

Notre itinéraire est le suivant : départ du relais du Vieux Moulin à Sainte-Anne-des-Monts, pour se rendre à l’Auberge Caribou de Rivière-au-Renard et y passer la nuit, en passant par La Cache, Murdochville et Gaspé. Une grosse journée de plus de 400 kilomètres au compteur, pour revenir par la côte le lendemain, avec près de 300 kilomètres à parcourir.

Veuillez noter que le sentier de motoneige entre La Cache et Murdochville est fermé pour la saison 2024 en raison de préoccupations liées à la sécurité sur deux ponts essentiels, qui nécessiteront des travaux majeurs.

Sainte-Anne-des-Monts – La Cache

(Trans-Québec 5, sentier de la rivière Cap-Chat, sentier du Faribault)

Notre première journée a vraiment été à la hauteur de nos attentes. Comme nous avions choisi de passer par le sentier de la rivière Cap-Chat, le ciel impeccablement bleu nous donnait un portrait tout simplement féérique de notre signature touristique régionale : Les Chic-Chocs ! Ces montagnes majestueuses qui s’imposent à tout jamais dans la mémoire d’un motoneigiste et qui font assurément sortir le « wow » de sa bouche. En prime, et probablement à cause du froid qu’il faisait, nous avons vu 15 orignaux dans ce secteur dans l’espace d’à peine une demi-heure, dont cinq d’un seul coup. Nous avons évidemment pris le temps de filmer et de photographier respectueusement quelques-unes de ces magnifiques bêtes. Une fois la voie libre, nous nous sommes dirigés vers cette montagne unique qui découpe le paysage de la réserve faunique de Matane sur des kilomètres à la ronde : le mont Nicol-Albert. Avec ses 750 mètres de haut, il nous donne l’impression qu’il va nous tomber dessus lorsque l’on passe à ses pieds.

Une fois le passage entre les montagnes pour traverser les Chic-Chocs effectué, un sentiment d’être loin de la civilisation nous envahit et seul le sentier qui sillonne ce territoire plus sauvage fait preuve de présence humaine.

La Cache – Murdochville

(sentier des Chic-Chocs)

Une fois rendus à La Cache, le tiers de notre trajet journalier est effectué. Après un bon café et le plein d’essence, on continue sur le sentier Chic-Chocs qui mène jusqu’à Murdochville. Ce dernier est un autre sentier régional à haute notoriété sur le plan des paysages et c’est avec conviction que je vous garantis que c’est, par temps clair, une expérience à vivre comme motoneigiste avec de nombreuses vues panoramiques, des mers de montagnes, comme on dit chez nous et de la neige en quantité industrielle.  Sur ce sentier de près d’une centaine de kilomètres, les arbres vêtus de blanc, les montagnes de givre, les versants sud de la chaîne des Chic-Chocs et du mont McGerrigle nous affichent fièrement toute leur distinction. Il s’agit d’un sentier local non fédéré pour l’instant et très bien entretenu par la Chambre de commerce et de tourisme de Murdochville. Les quelques éoliennes que l’on voit poindre au loin annoncent notre approche de Murdochville. Une fois rendus, un bon dîner nous attend à l’Hôtel Copper.

Murdochville – Rivière-au-Renard

(sentier 597 [sentier du Pont Bailey], sentier de la rivière Saint-Jean, Trans-Québec 5 [sentier du Portage])

Après avoir fait un arrêt à la station d’essence de Murdochville, nous poursuivons notre route sur une distance de 190 kilomètres pour atteindre notre destination, Rivière-au-Renard. Cette dernière portion de notre journée nous amène encore une fois en territoire inhabité sur plus d’une centaine de kilomètres. Toute la vigueur hivernale se fait encore sentir et seule la présence des montagnes et rivières égaye le sentier.

À l’approche de Gaspé, une sortie d’à peine un demi-kilomètre hors sentier nous permet d’apercevoir et de contempler la baie de Gaspé, berceau de toute notre histoire, et une bonne partie de la ville construite tout autour.

La journée tire à sa fin et la fatigue se fait sentir, mais notre arrivée à Rivière-au-Renard à l’heure du coucher du soleil nous réserve un superbe jeu d’ombres et de lumière sur le fleuve à moitié gelé et sur la côte. Les glaces semblent orangées et les maisons disparaissent peu à peu dans l’obscurité pour faire place aux lumières de la municipalité qui se rapprochent au fur et à mesure que l’on arrive à destination. Nous sommes chaleureusement accueillis par les gens de l’Auberge et, après un bon souper au chic Bistro La Révolte, une bonne nuit de sommeil nous attend. Celle-ci est doublement appréciée par mon compagnon de route qui lui, a près de 60 ans.

Rivière-au-Renard – Sainte-Anne-des-Monts

(Trans-Québec 5)

Le lendemain, notre retour par la côte se fait encore une fois sous le soleil et le froid. Les panoramas sont complètement différents de la veille : 300 kilomètres de sentiers qui serpentent les montagnes, le littoral et les vallées avec des points de vue très fréquents sur le fleuve et près d’une quinzaine de petites villes ou villages qui animent le décor.  De nombreuses éoliennes se dressent sur une bonne partie du trajet. Grandioses à côté de nos motoneiges, leur construction a réorganisé le réseau de sentiers et nous oblige à partager une dizaine de kilomètres de sentiers avec les automobilistes… le seul désagrément de notre voyage. Notre passage au sommet du mont Saint-Pierre nous fait rapidement oublier ça. Ce point de vue à couper le souffle est un incontournable et représente également l’une de nos signatures régionales.

De retour au relais du Vieux Moulin, nous retrouvons plusieurs de nos « chums » et leur racontons notre périple. Nous avons également parlé de la chance que nous avons de vivre et de pouvoir profiter d’un tel environnement.

 

Bref, deux jours de rêve pour un motoneigiste! Deux jours que je n’oublierai jamais, car mon compagnon de route, « Le Loup », nous a quittés le 31 décembre dernier. Comme il m’a dit tout au long de cette randonnée : « il faut que tous les motoneigistes voient ça au moins une fois dans leur vie! ». En sa mémoire, je tenais à transmettre cette recommandation de mon ami à tous les motoneigistes. À vous maintenant de venir constater par vous-même et n’oubliez surtout pas votre appareil photo : vous en aurez besoin!

Auteur Richard Marin

Richard Marin est un motoneigiste passionné de la région de la Haute-Gaspésie. Fier ambassadeur de la pratique de la motoneige dans son coin de pays, il nous partage ces expériences personnelles.

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