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Un an aux Îles de la Madeleine : au cœur de la vie insulaire
  • Mathieu Dupuis

Un an aux Îles de la Madeleine : au cœur de la vie insulaire

Suivez le guide!

D’année en année, les Îles de la Madeleine sont prisées des visiteurs en manque de dépaysement. Et pour cause! Ancrées au milieu du golfe du Saint-Laurent, elles sont d’une beauté extraordinaire dans laquelle il fait bon se perdre en vacances, même en dehors de la période estivale! Car la vie sur l’archipel ne se résume pas qu’à l’été, bien au contraire! Au gré des saisons qui confèrent un charme sans cesse renouvelé aux paysages, on retrouve, toujours là en toile de fond, la pêche, cheffe d’orchestre des îliens. Suivez-moi, je vous emmène chez les Madelinots le temps d’un tour de calendrier!

De début mai à la mi-juillet : la pêche, encore la pêche!

Pour les écoliers ou les étudiants, l’année démarre en septembre. Pour un pêcheur de homard aux Îles de la Madeleine, et pour beaucoup d’habitants dont le métier découle directement ou indirectement de cette activité, elle démarre début mai avec la mise à l’eau des cages. Et quel événement!

Avant d’aller en mer, il est de coutume de déguster le délicieux « chiard salé à la viande » avant d’assister à la traditionnelle messe et aux bénédictions des bateaux. C’est qu’il faut prendre des forces, tant spirituelles que physiques, pour travailler durant les 54 jours de pêche qui s’enchaînent, beau temps, mauvais temps. Même si c’est bien mieux d’être aux Îles pour vivre ce « 1er de l’an madelinot », on peut suivre La mer sur un plateau, qui retransmet cet événement sur les réseaux sociaux. Et même à distance, on peut sentir l’adrénaline qui fait vibrer la coque des bateaux. Pour le goût savoureux des tout premiers homards sortis de l’eau, il faudra être sur place, mais ce ne sera pas bien long avant qu’il se retrouve dans les assiettes des Québécois sur le continent.

C’est ainsi, jusqu’à la mi-juillet, que la vie s’anime inlassablement sur les quais avant que le soleil ne soit levé. Les bateaux quittent leur nid très tôt avant de revenir pour le débarquement, la pesée, l’entreposage au vivier, la recherche de bouette (d’appât), ou encore le passage dans les usines du précieux crustacé qui fera de votre guédille un moment « wow » de votre séjour ici.

Pendant cette période, « virer sur le quai » – selon l’expression consacrée – c’est vivre au diapason des Madelinots et de cette réalité qui tourne autour de la pêche. Homard frais en coquille, bateaux qui ronronnent au loin le matin, thermomètre qui monte : pendant que la pêche au homard bat son plein, l’été s’installe discrètement aux Îles.

De la mi-juillet à la fin septembre : enfin l’été!

C’est la fin de la pêche au homard : les cages regagnent la terre ferme dans des embarcations remplies à ras bord qui, bientôt, se transformeront en navire de plaisance. Mais comme on est aux Îles, on n’arrête jamais vraiment la pêche. C’est le moment de sortir la canne pour aller taquiner le maquereau que l’on fera griller sur le barbecue. Certains pêcheurs organisent également des excursions en mer pour les visiteurs. Les pêcheurs de flétan reprennent aussi du service pour aller chercher ces merveilles des fonds marins qui peuvent peser jusqu’à 300 kg (661 livres) tandis que les pêcheurs de homard commencent à réparer leurs cages pour la saison suivante. L’été c’est aussi bien sûr le moment de profiter des sublimes plages et de s’adonner à la pêche aux coques, une activité manuelle ludique très pratiquée par les Madelinots et que vous pourriez expérimenter avec l’équipe de l’Auberge La Salicorne. Les concerts à l’air libre foisonnent, les kitesurfs virevoltent sur l’eau et les couchers de soleil n’en finissent plus de nous éblouir. 

De la fin septembre à la fin novembre : et si on allait aux graines?

Ah! L’automne et ses couleurs! Quelle belle période pour tomber en amour avec les Îles! Les bateaux sont mis en cale sèche, bichonnés avant l’hiver. On peut alors en faire le tour et les admirer à la lueur de la douce lumière préhivernale. Si derrière chaque Madelinot se cache l’ombre d’un pêcheur (d’ailleurs c’est la saison de l’éperlan, qu’on pêche au filet!), il en va presque de même avec la cueillette. La saison automnale a beaucoup à offrir : airelle rouge, canneberge, aronia… On cuisinera de délicieux biscuits et on fera le plein de confitures pour les mois les plus froids. Pour beaucoup d’insulaires, c’est aussi le moment de la chasse au canard et celle-ci est l’occasion de retrouvailles festives entre amis.

De décembre à fin février : on ne s’ennuie jamais!

L’hiver, les tempêtes invitent à se retrouver, à souper entre amis ou en famille, et à se laisser aller à conter des palabres. Ce sont des histoires, des légendes, qu’on modifie, enjolive, amplifie… Pour rire et passer un bon moment ensemble pendant que ça souffle fort dehors. On raconte d’ailleurs que chaque Madelinot joue d’un instrument de musique et chante : on ne s’ennuie vraiment pas l’hiver aux Îles ! Quand la météo est clémente, on profite du plein air : raquette, ski de fond, fatbike, tout est bon pour mettre le nez dehors.

En mars et avril : « Quand les loups-marins arrivent, le printemps arrive »

Début mars, l’arrivée des phoques du Groenland sur la banquise marque le début de la chasse, une des plus anciennes traditions des Madelinots (très bien expliquée du côté du Centre d'interprétation du phoque). La chasse aux blanchons est toutefois interdite depuis quelques décennies. Une des expériences mémorables à vivre aux Îles à ce temps de l’année est celle offerte par le Château Madelinot qui propose des sorties en hélicoptère pour observer ces créatures d’un blanc immaculé.

En avril, des bateaux quittent le port pour aller pêcher le crabe des neiges, un autre délice de la mer. Pour nos pêcheurs de homard, il faut effectuer les dernières réparations, peindre les bouées et remettre les bateaux à l’eau pour être prêt pour le jour J… Et on recommence!

Une année aux Îles de la Madeleine, c’est beaucoup d’émotions, de festivités, de saveurs et de couleurs et, dans ces douze mois, il y a toujours quelques semaines où les Madelinots font un tour sur le continent pour mieux se rappeler, au retour, à quel point les Îles sont belles, peu importe la saison. Parions que vous aurez le même sentiment en débarquant sur l’archipel! 

Merci à Normand Déraspe, pêcheur de Grande-Entrée, pour sa contribution à ce billet blogue.

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Auteur Julie Soyez

Ah, l’air frais qui vous éveille à la beauté des paysages! C’est ça qu’elle aime, Julie Soyez. D’origine française, elle est tombée en amour avec la Belle Province lors d’un voyage d’études en 2013. Depuis, c’est en toute saison qu’elle arpente les plages, forêts, lacs et rivières du Québec, que ce soit à pied, à vélo ou en kayak. Guide en tourisme d’aventure et écotourisme, elle adore partager ses passions pour la nature sous toutes ses formes et n’oublie jamais d’emporter un stylo dans son gros sac!

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(3) commentaires

Normand

Bravo tu viendras avec moi l'été prochain si tu veut voir la mise a leau

Morgane

Quel beau lieu de vie ! Ça donne envie d'y aller !

Faustine Delambre

Cela me donne envie de partir voyager pendant un an, de parcourir ces différents lieux et moments mais surtout que ce soit toi mon guide de voyage ,de route ,.... Bravo pour ce premier article. J'en suis sûr il y en aura encore bien d'autres ...