Le blogue du Québec maritime

Ces gens qui protègent les milieux naturels à leur manière
  • Îles de la Madeleine
    Mathieu Dupuis

Ces gens qui protègent les milieux naturels à leur manière

Portraits d’acteurs de changement

« On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l'on aime. »

- Jacques-Yves Cousteau, explorateur océanographique
(France-sur-Mer : Un empire oublié, 2009)

De grands espaces, des paysages intacts à perte de vue, des écosystèmes riches et fascinants… Les régions de l’est du Québec ont beaucoup à offrir à ceux qui souhaitent se reconnecter avec la nature. Mais ces milieux, pour qu’ils demeurent aussi extraordinaires, doivent être protégés. Nous vous présentons le portrait de quatre personnes bien engagées dans cette mission!

Une forêt luxuriante comme terrain de jeu

Technicien de la faune et géographe de formation, Michel Grégoire est attiré par la nature depuis l’enfance. C’est lors de ses études à Baie-Comeau et à Rimouski qu’il tombe en amour avec l’est du Québec et ses grands paysages naturels et sauvages. Après plusieurs années à travailler en gestion intégrée de l’eau dans des organismes de bassins versants, il fait le saut au parc national du Lac-Témiscouata, au Bas-Saint-Laurent, en tant que responsable du service de la conservation et de l’éducation.

« La mission première des parcs nationaux, c’est la conservation du territoire à l’état le plus naturel possible, mais tout en permettant aux gens d’y avoir accès et de pouvoir y faire du plein air. Les visiteurs ont aussi la possibilité de participer à des activités éducatives. On va faire des randonnées guidées, en rabaska par exemple, ou une randonnée pédestre avec de l’interprétation sur ce qu’on va trouver dans le milieu naturel du parc. » soutient Michel.

Logé au cœur d’une grande forêt qui abrite des lacs majestueux – dont celui à l’origine de son nom – le parc national du Lac-Témiscouata est un milieu très riche en biodiversité. « La création du parc, elle a ce bon côté-là, de préserver un échantillon de forêt. Ça permet à la forêt de vieillir, de retrouver des conditions naturelles, ce qui est une très bonne façon d’aider à la préservation de la biodiversité. Ce sont des habitats qui vont être essentiels à une certaine faune, que ce soit des oiseaux ou des mammifères. » explique-t-il. Le parc est aussi reconnu pour ses nombreux sites archéologiques témoignant de la présence des peuples autochtones, il y a 10 000 ans!

Vous avez envie d’une réelle connexion avec la nature?  Voici l’invitation de Michel : « Soyez curieux, éteignez votre cellulaire, allez dans la nature et portez attention à tout ce qui s’y passe. Plus on en connaît sur la nature, plus on a envie de la protéger, et plus on est investi de cette mission-là. »

Des fossiles loin d’être ennuyeux

Au début des années 80, Rémi Plourde baignait déjà dans l’univers des parcs nationaux en tant qu’interprète. De fil en aiguille, il est devenu directeur du parc national de Miguasha (en plus du parc national de l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé), en Gaspésie. « Le mandat des parcs nationaux, c’est de conserver et de protéger pour les générations futures le patrimoine naturel et culturel. C’est une belle job faire ça! C’est une passion de pouvoir travailler tous les jours pour cette mission-là! », affirme Rémi.

Le parc national de Miguasha, qui figure sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, est un lieu extrêmement important pour comprendre notre évolution. Grâce à la falaise fossilifère et aux nombreux spécimens qu’on y trouve, on remonte jusqu’à 380 millions d’années, à l’époque du Dévonien. Des mesures sont bien instaurées pour protéger le parc et faire en sorte que seuls les spécialistes peuvent y faire des recherches : « Si on avait laissé les gens fouiller et gratter dans la falaise pour trouver des fossiles, on n’aurait jamais trouvé l’Elpistostege watsoni. Il serait parti par petits bouts. On n’aurait jamais su l’ampleur de la découverte qu’on avait là. ». Elpi, on l’appelle communément, est un spécimen unique, une espèce de poisson à nageoires charnues qui se rapproche le plus des premiers tétrapodes.

On s’imagine bien qu’en tant qu’historien de formation, Rémi est sans cesse fasciné par les joyaux du parc national de Miguasha. Il prend aussi plaisir à les mettre en lumière de façon dynamique, intéressante et ludique, pour « casser l’image du musée de pierre ». Le parc propose d’ailleurs plusieurs activités pour se mettre dans la peau d’un paléontologue. « Ça prend de l’émerveillement, des souvenirs. Ça prend juste ça parfois pour développer une passion, et peut-être même une carrière. Quand on réussit à aller chercher l’attention de quelqu’un et qu’on voit dans sa pupille une étincelle d’émerveillement par rapport à ce qu’on vient de lui faire découvrir, ça pour moi, c’est excessivement gratifiant. », souligne Rémi.

La biologie et la technologie au service d’îles fascinantes

Marie-Bé Leduc se dit « folle de la nature » depuis son tout jeune âge, et c’est ce qui l’a incitée à faire ses études en biologie et télédétection, une science qui fait l’analyse de photos satellites ou aériennes pour ressortir des informations pertinentes sur les écosystèmes. C’est d’ailleurs ce qu’elle met en pratique comme écologiste pour Parcs Canada à la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan, en Côte-Nord.

« Je me suis retrouvée dans ce milieu-là, qui est vraiment superbe. Je suis tombée en amour avec le parc. Il y a tellement de choses qui le rendent extraordinaire, comme des paysages qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. » affirme Marie-Bé, originaire d’Ottawa et arrivée à l’archipel de Mingan en 2019. Parmi les particularités de ce parc composé d’une vingtaine d'îles principales et de nombreux îlots granitiques : des monolithes de calcaire aux formes uniques, bon nombre d’oiseaux marins qui y font leur nid, une grande variété de plantes rares, et la lande, un habitat naturel caractéristique de l’endroit, qui s’apparente à la toundra.

Dans le cadre de son travail, Marie-Bé collabore à des projets de conservation liés au programme de surveillance de l’intégrité écologique. Avec ses collègues, elle suit donc différents spécimens de la faune et de la flore d’année en année et observe la progression des populations. « De plus en plus, on voit des enjeux reliés aux changements climatiques. Par exemple, le Chardon de Mingan, une espèce de plante endémique de notre région, est menacé et fait face à l’érosion côtière. Quand on a vu que la population diminuait drastiquement, l’équipe de la conservation a commencé un projet pour sa sauvegarde, où on essaie d’atténuer l’effet néfaste des grandes tempêtes. Une des actions est de recréer des colonies à d’autres endroits qui sont peut-être moins impactés par les tempêtes pour essayer de faire remonter la population. » explique l’écologiste, qui est heureuse de voir que les connaissances et découvertes réalisées en conservation sont ensuite transmises aux visiteurs via les interprètes. Elle aime d’ailleurs alimenter en contenu le site Web et à la page Facebook du parc pour contribuer à cette mission d’informer et de sensibiliser sur divers sujets.

« J’ai tellement de plaisir à côtoyer cet univers-là, je veux m’assurer que ça dure pour que tout le monde puisse en profiter, et les générations qui suivent aussi! » affirme-t-elle.

La concertation au cœur de la protection d’un archipel

La beauté des paysages des Îles de la Madeleine et le contact privilégié avec la mer en font rêver plus d’un, et c’est entre autres ce qui a poussé Marie-Ève Giroux à s’y installer en 2010. Ayant toujours eu le bien de la planète à cœur, elle est aujourd’hui à la barre d’Attention FragÎles, un organisme qui œuvre depuis le début des années 90 à la protection de l’environnement de l’archipel. « Ce qui m’a amenée ici, c’est vraiment l’intérêt pour ce territoire-là. Travailler dans une communauté qui est à échelle humaine, où tu connais tes partenaires, tu vois l’impact de ton action, puis un territoire qui est géographiquement bien défini et où le lien entre l’humain et l’environnement est très important. » explique Marie-Ève.

Dans ces îles paradisiaques situées au cœur du golfe du Saint-Laurent, les changements climatiques sont un enjeu important : « C’est un territoire qui est assez fragile, parce qu’avec les changements climatiques, sur l’ensemble de nos côtes, les dunes et les falaises sont soumises à l’érosion ». L’organisme et différents partenaires mettent donc en place des actions concrètes pour protéger les dunes, en aménageant par exemple des accès aux plages et des trottoirs de bois et en réalisant des travaux de restauration.

Différents écosystèmes composent les Îles et abritent une faune aviaire et une flore abondantes et diversifiées. « Comme organisme, on travaille beaucoup en termes de sensibilisation et de cohabitation harmonieuse entre les différents utilisateurs de ces milieux naturels là, pour que chaque personne qui y pratique une activité vienne à connaître l’écosystème, sa richesse, puis finalement contribue à sa protection en ayant de bonnes pratiques. » affirme Marie-Ève, aussi maman de deux petites filles qui l’inspirent à poursuivre sa mission.

Dans un milieu insulaire, les questions de gestion des matières résiduelles, de consommation d’eau potable et de transition énergétique sont d’autant plus importantes, et font partie des champs d’action de Marie-Ève et de son équipe. Un conseil qu’elle donne aux visiteurs? : « Prenez le temps de vous arrêter, d’observer la beauté de la nature tout autour, et de réaliser que, comme humain, on fait partie de l’écosystème ».

  • Suivez Attention FragÎles sur Facebook et Instagram où de petites capsules éducatives et rigolotes vous attendent!

 

Tant de richesses et de beauté enveloppent les régions de l’est du Québec. Heureusement que des initiatives sont mises de l’avant pour protéger ces grands espaces, mais aussi, que des gens passionnés s’impliquent dans cette grande mission. Si vous prévoyez un voyage en nature, suivez bien les consignes des gardes-parcs et des différents panneaux de signalisation pour contribuer, vous aussi, aux efforts de préservation de ces milieux naturels!

Auteur Marie-Eve Lagacé

Gaspésienne d’origine, Marie-Eve Lagacé adore l’écriture autant que son coin de pays! Imaginez la joie qu’elle ressent alors qu’elle peut combiner les deux en rédigeant des billets pour le du blogue du Québec maritime! Ses sujets de prédilection? Les gens, la culture locale et les trésors insoupçonnés, voire insolites, que cachent nos régions. Bien qu’elle soit plus du type à relaxer avec un petit café et un bon livre, elle aime aussi se balader à la découverte de nouveaux paysages, ou encore nager avec les saumons de la rivière Matapédia!

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