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Je vais voir les baleines : à quoi dois-je m’attendre?
  • Mathieu Dupuis

Je vais voir les baleines : à quoi dois-je m’attendre?

« À quelle heure puis-je voir les baleines? » Je rigole chaque fois qu’on me pose cette question, car il n’y a pas d’heure ou de journée parfaite pour observer les baleines dans le Saint-Laurent. Entre juin et octobre, en Côte-Nord, en Gaspésie ou au Bas-Saint-Laurent, les possibilités d’observer des baleines sont grandes, mais ne sont jamais certaines. Et le nombre d’observations qui sera fait durant une séance variera d’une fois à l’autre. Il arrive même qu’une équipe de recherche scientifique sur les baleines passe une journée complète sur l’eau et rentre à quai bredouille! Mais quand on repère un souffle, alors là, quel bonheur!

À quoi s’attendre, donc?

À tout!

La meilleure façon de profiter pleinement d’une séance d’observation des baleines est d’avoir des attentes réalistes.

Les publicités à la télévision ou dans les dépliants ne sont pas toujours représentatives de la réalité, puisque ces images nécessitent souvent des centaines d’heures de tournage!

Règle générale, vous observerez des baleines en déplacement. Vous verrez un souffle ou non, selon la taille de l’animal. Puis, suivront son dos et sa nageoire dorsale. Vous pourrez assister à quelques séquences respiratoires avant qu’il plonge à nouveau. Allez-vous voir une queue? Pas nécessairement. Seuls les rorquals à bosse soulèvent systématiquement leur queue hors de l’eau avant d’entamer une plongée profonde; on dit alors qu’ils sondent. Certains rorquals bleus le font, ainsi que certains bélugas, mais pas tous. 

Les sauts, qu’on appelle « breach » dans le jargon, sont des comportements qu’on peut observer à l’occasion chez les rorquals à bosse ou chez les petits rorquals, mais ce n’est pas leur comportement le plus fréquent. Alors, si vous assistez à un saut, célébrez! Vous avez une chance extraordinaire!

Sur la Haute-Côte-Nord, le petit rorqual est l’espèce la plus observée. En Gaspésie, les rorquals à bosse semblent plus visibles. Néanmoins, la présence de chaque espèce et le nombre d’individus varient d’une année à l’autre, d’un mois à l’autre, d’un jour à l’autre. Il faut donc être prêt à tout.

Une expérience différente chaque fois

Je me souviens d’une journée, assise sur les rochers aux Bergeronnes, où j’ai pu comptabiliser six espèces de cétacés différentes alors que je n’ai vu aucune baleine le lendemain. Tous les capitaines vous le confirmeront : aucune excursion n’est la même. En quelques minutes, le portrait sur l’eau peut changer complètement, tout comme la météo ou la visibilité. D’un calme plat, sans baleines ni phoques, vous pouvez tout à coup vous retrouver au milieu d’un buffet couru par les mammifères et les oiseaux marins.

La proximité avec les animaux variera aussi. Mais même à bonne distance, l’observation des baleines garde un caractère magique. Le son du souffle, l’odeur de la mer, la surprise de voir un géant apparaitre à la surface : tous ces éléments réunis participent à rendre unique votre rencontre avec les baleines.

Une observation = 1000 questions

Même après des années d’observation, chaque rencontre avec une baleine m’amène de nouvelles questions. C’est pourquoi les scientifiques continuent d’étudier ces animaux fascinants! Pour profiter le plus possible de votre observation, l’acquisition de connaissances de base sur l’anatomie ou les comportements peut être utile. Sinon, la présence de naturalistes à vos côtés pourra lever un peu de mystère autour de la conduite parfois particulière de ces animaux.

Avec un peu de patience et des yeux curieux pour voir tout ce qui l’entoure, une personne qui part à la rencontre des baleines ne peut pas être déçue! Poursuivez votre lecture en consultant les trucs des équipes de recherche!

Auteur Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), un organisme sans but lucratif voué à la recherche scientifique sur les baleines du Saint-Laurent et à l’éducation pour la conservation du milieu marin.

Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques et des observateurs.

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