Le blogue du Québec maritime
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L'Auberge de montagne des Chic-Chocs est située au coeur des montagnes gaspésiennes
Mathieu Dupuis/Sépaq
L’Auberge de montagne des Chic-Chocs : pour les amoureux de la rando!
Yoann Ronsin, Français d’origine, opère l’agence Sentiers privés, spécialisée dans les voyages en Amérique du Nord. Il a eu la chance de séjourner à l’Auberge de montagne des Chic-Chocs, en Gaspésie, et vous raconte ici son expérience.
L’Auberge de montagne des Chic-Chocs est un lieu qui m’avait toujours intrigué. Une auberge de luxe perdue dans la forêt gaspésienne? En altitude? La curiosité (et l’amour de la randonnée) étant la plus forte, un beau mois de juillet, j’ai craqué.
Au départ de Montréal, la route vers la Gaspésie offre une panoplie de paysages grandioses de bord de mer. Puis, arrivé à Cap-Chat, on monte à bord du véhicule de l’Auberge, qui nous mènera en haut de la montagne, en pleine forêt. Dès qu’on franchit la barrière d’entrée de la réserve faunique de Matane, c’est un autre monde qui commence, un environnement préservé, intact, un paysage jamais vu au Québec.
Dès l’arrivée à l’Auberge, un endroit très lumineux, je suis irrésistiblement attiré au fond, vers LA vue, et c’est le choc : la grande baie ouvre sur le mont Nicol-Albert, m’offrant une vision incroyable, magnifique, qui à elle seule vaudrait le déplacement.
Juste le temps de poser mon sac dans la chambre (très confortable), et déjà les guides nous proposent une randonnée d’observation des orignaux. Une petite promenade de 15 min jusqu’au lac des Castors et, dans le marais, je vois mon premier orignal, une femelle, avec son petit. La randonnée continue, avec son lot de découvertes : 8 orignaux, des jeunes, des vieux, des mâles, des femelles… En 4 h, j’ai vu plus d’orignaux qu’en 10 ans de randonnées au Québec! La cerise sur le sundae : notre guide est un accompagnateur exceptionnel, avec une qualité de connaissances incroyable. Je constaterai d’ailleurs, pendant les 4 jours passés ici, que c’est le cas de tous les guides de l’Auberge, tous archi-compétents, sympathiques et disponibles.
Le soir, je fais la connaissance des autres clients (l’Auberge est à moitié pleine, nous sommes une quinzaine) pendant le briefing à l’apéritif, autour de la grande cheminée. Les guides nous proposent des idées de randonnées, mais, comme je suis venu pour ça, j’ai déjà étudié les cartes et les circuits, ce qui les étonne un peu. « Et quels itinéraires voulez-vous faire? » me demande un des guides. C’est simple : TOUS. Ils ont l’air un peu surpris de ma réponse, et j’en entendrai parler pendant le souper! Souper qui réunit tout le monde, clients, hôtes et guides, autour de la grande table, pour goûter un menu délicieux, typiquement gaspésien, à base de produits locaux.
En fait, sur la dizaine d’itinéraires proposés, 7 constituent de petites promenades, et 3 des randonnées plus ou moins longues. Ce sont ces 3 circuits que je suis venu tester. Dès le lendemain matin, j’attaque (avec un des guides, bien sûr) la plus longue des randos, celle des monts Collins et Mattawees, 20 km de long et 800 m de dénivelé.
L’émerveillement commence au pied des monts : chaque fois qu’on grimpe de 100 m en altitude, c’est comme si on avançait de 100 km vers le Nord. Le paysage évolue sans cesse et, parvenu au sommet (1080 m, un des plus hauts du Québec), je découvre la toundra arctique, avec ses arbres nains et tordus (les « Krummholzs »), son sol qui ne dégèle que 60 jours par an, et la harde de caribous des bois du parc national de la Gaspésie, voisin de la réserve faunique de Matane.
Sur le chemin du retour, j’aperçois, sous le lac Bardey, près du ruisseau Bascon, une empreinte curieuse que je ne peux identifier : ça ressemble à un lynx, mais c’est beaucoup trop grand. Les guides n’en savent pas plus. La photo est transmise au directeur du parc national de Gaspésie, qui, sur confirmation d’une étudiante spécialisée de Rimouski, nous annonce que c’est la trace d’un couguar!! Plus d’un an après, elle pourra le confirmer grâce à des piégeages pour prise d’empreintes génétiques. Je suis très ému d’avoir eu le privilège de trouver cette trace.
Le lendemain, autre randonnée, 8 km et 400 m de dénivelé seulement, l’itinéraire « frère de Nicol-Albert », descente en vélo puis grimpe intense dans une forêt intacte, avec des fougères fabuleuses plus hautes que nous, et des échappées de vue sur d’impressionnantes coupes à blanc : le contraste est… saisissant! Le guide nous raconte l’histoire du bois au Québec et je ne me lasse pas de l’écouter.
Quatrième jour, je m’offre une dernière balade, le « mont 780 » : promenade de 5 km et 200 m de dénivelé. C’est l’idéal pour ceux qui ne sont pas trop sportifs, mais qui veulent profiter de panoramas à couper le souffle : les vues grandioses sur les Chic-Chocs se succèdent, toutes plus belles les unes que les autres.
Malheureusement, il faut déjà repartir. Je garderai des images de paysages sublimes, d’une nature telle qu’au Premier Jour. L’Auberge de montagne des Chic-Chocs, hébergement de luxe dans un écrin sauvage, restera définitivement mon plus beau souvenir de randonnée au Québec!
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