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La bataille du Saint-Laurent
  • Fort-Péninsule
    Musée de la Gaspésie

La bataille du Saint-Laurent

La Seconde Guerre mondiale au Canada

Vous êtes féru d’histoire et aimez en découvrir des pans cachés? Profitez d’un voyage dans les paysages splendides de la Gaspésie pour y voir des vestiges d’une bataille dont on ne parle que très peu au cœur des heures parmi les plus sombres de l’humanité. Venez en apprendre plus sur la bataille du Saint-Laurent.

La Seconde Guerre mondiale arrive au Canada

En 1939, la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe. Les forces alliées s’opposent aux forces de l’Axe suite à l’invasion de la Pologne par le 3e Reich. Le 10 septembre 1939, sept jours après la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni envers l’Allemagne nazie, c’était au Canada d’entrer dans le conflit. Une des principales missions du pays fut alors de ravitailler la Grande-Bretagne grâce à des convois maritimes qui acheminaient de la nourriture, de l’armement et de l’équipement. La bataille de l’Atlantique s’engagea alors, la marine allemande essayant d’empêcher le passage des navires. Mais en 1942, les torpilles gagnèrent le Saint-Laurent.

Une nouvelle stratégie allemande

La bataille du Saint-Laurent fait partie de celle de l’Atlantique. Le commandement des forces sous-marines nazies décide alors qu’il est stratégiquement plus profitable d’attaquer les convois dans les eaux du Saint-Laurent que dans l’océan. Le port de Montréal était le point de départ du quart des marchandises en partance vers les Alliés. Bloquer le passage sur le Saint-Laurent aurait donc un impact décisif sur les moyens mis à disposition de l’armée britannique. De plus, par sa géographie, il est plus facile d’attaquer dans ces eaux. Moins vaste que l’Atlantique-Nord, le Saint-Laurent ne possède que deux points de passage pour rejoindre l’océan : le détroit de Belle Isle au nord de Terre-Neuve et le détroit de Cabot au sud.

Sur la défensive

Bien conscientes du risque d’incursion des U-Boote (sous-marins allemands) dans les eaux canadiennes, les autorités décidèrent dès 1940 de mettre en place une base navale à Gaspé. Cette baie fut choisie, car il s’agissait d’un emplacement de choix pour défendre le golfe et le fleuve, ses côtes offrant un relief donnant une bonne protection. Sa profondeur permettait aussi d’accueillir les navires de guerre britanniques au besoin. La base fut inaugurée le 1er mai 1942. Trois batteries de défense côtière ainsi qu’un filet sous-marin viennent alors renforcer le complexe militaire qui fut baptisé « NCSM Fort Ramsay ». Plusieurs postes d’observation sont aussi installés sur les côtes des régions les plus à l’est du Saint-Laurent. La ville de Mont-Joli verra aussi naitre un aérodrome d’entrainement militaire.

Les premières attaques

Le calme est rompu dans la nuit du 11 au 12 mai 1942 au large des côtes gaspésiennes, au nord de Pointe-à-la-Frégate. Le SS Nicoya, navire marchand britannique coule. Le lendemain, c’est au tour du Leto, un peu plus à l’ouest. Malgré l’ajout de moyens aériens à Mont-Joli et à North Sydney, ainsi que d’un détachement à Gaspé, les attaques seront nombreuses pendant le reste de l’année. Suite à la perte d’une douzaine de navires et de nombreuses vies humaines pendant l’été, le gouvernement canadien décida de fermer le Saint-Laurent aux bateaux transatlantiques le 9 septembre. Le calme reviendra pour l’hiver avec l’arrivée des glaces, mais la bataille du Saint-Laurent fera rage jusqu’en 1944. Le dernier navire victime des U-Boote est le NCSM Esquimalt, qui coula le 16 avril 1945. Son agresseur, le U-190, se rendra à la Marine royale canadienne un mois plus tard et intégrera sa flotte. En 1947, il rejoindra finalement le fond suite à un sabordage, aux côtés du navire qu’il a lui-même coulé.

Le bilan

Ce sont 26 navires qui ont été coulés lors de ce conflit, dont 21 au large des côtes gaspésiennes. Près de 300 personnes perdirent la vie face aux sous-mariniers allemands. La population des côtes restera marquée par les combats. De nombreux pêcheurs ont été témoins en mer de la présence des nazis, tandis que sur terre, les habitants ont subi couvre-feu et extinction des lumières. Les explosions, tout comme les survivants ayant nagé sur des kilomètres, resteront dans la mémoire des locaux de l’époque, attendant que le temps fasse son œuvre.

Les traces et le souvenir

Aujourd’hui encore, ce passé est bien visible. Tout d’abord, du côté nord de la Gaspésie, c’est à Cap-Chat, à l’aire de repos sur le bord de la route 132, que vous en apprendrez plus. Depuis 2017, plusieurs panneaux d’interprétation près de la plage expliquent les faits qui se sont produits au large, où plusieurs navires ont sombré. Plus à l’est, c’est sur les rives de la baie de Gaspé que vous trouverez le second témoin de ces heures sombres. Fort-Péninsule, mis en valeur par le parc national Forillon, est ouvert gratuitement au public. Découvrez-y, en plus de nombreuses informations, un site semi-enterré constitué de plusieurs salles, dont des dépôts d’obus et des poudrières. Les pièces maitresses de votre visite seront sans aucun doute les deux énormes canons qui faisaient partie de l’ensemble défensif de l’époque.

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Auteur Ulrich Josserand

Originaire des Alpes françaises, Ulrich est un amoureux de la nature et des expéditions en plein air. Passionné de grands espaces, c’est avec fierté qu’il a choisi l’est du Québec comme terre d’accueil. D’ailleurs, les régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, où il a vécu dans les dernières années, ont su lui offrir une bonne dose d’émerveillement. Quand il n’est pas en train de chercher l’aventure dans nos montagnes grandioses et nos magnifiques forêts ou de sillonner nos routes en bordure du Saint-Laurent, vous pourrez le trouver en train d’écrire ou de jouer de la musique, en rêvant à sa prochaine découverte.

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