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Bas-Saint-Laurent : des idées pour vos vacances
  • Kamouraska
    Mathieu Dupuis

Bas-Saint-Laurent : des idées pour vos vacances

Au Bas-Saint-Laurent, l’air salin du fleuve propage un sentiment de bien-être. Vers l’est, les lignes horizontales se déposent sur le paysage. Restent les caps de Charlevoix qui se dressent sur l’autre rive du fleuve, derrière lesquels plonge le soleil couchant. De ce côté-ci, les champs de toutes les couleurs s’étendent en damier, jusqu’aux monts Notre-Dame. Dans cette région, on chérit ce paysage agricole instauré par les colons qui sont venus défricher et cultiver les grasses alluvions du Saint-Laurent. Au bout de leurs champs, sur l’estran, ils pêchaient l’anguille et l’esturgeon. On y voit encore des filets de pêche tendus vers le large.

Qu’on accède au Bas-Saint-Laurent par la route en provenance de Québec, ou par les traversiers depuis la rive nord, on verra tôt ou tard le dos scintillant des baleines à la pêche. On y accède aussi par la Gaspésie voisine, ou par la route Transcanadienne qui emprunte la vallée de la Madawaska au Nouveau-Brunswick.

La faune

Près de la côte, tout particulièrement autour des îles du parc national du Bic, les phoques communs et gris abondent. Ils aiment bien tenir compagnie aux kayakistes, distraits par les coques colorées, en hissant leur tête à la surface de l’eau. Les pagayeurs et randonneurs les plus chanceux verront même des baleines qui suivent parfois les bancs de poissons à proximité de la côte. Mais, en raison des hauts-fonds de la rive sud, elles sont plus à l’aise vers le nord. Les bateaux de Croisières AML, à partir du quai de Rivière-du-Loup, mènent à leur rencontre au large (activité de retour en 2024).

Partout, les oiseaux circulent. Composé de milieux très divers, soit marins, marécageux, champêtres et forestiers, le Bas-Saint-Laurent est une destination de choix pour l’ornithologie. Les îles et les baies sont le territoire d’une grande variété de canards, dont l’eider à duvet. Loin du tumulte des humains, l’île aux Lièvres en face de Rivière-du-Loup, où nichent quantité d’eiders, de guillemots, de petits pingouins et de marmettes, est un paradis pour les ornithologues aguerris et en herbe.

Au-dessus des champs, sur les flancs des monadnocks, ces petites montagnes si caractéristiques du Bas-du-Fleuve, planent de nombreux oiseaux de proie : buses, crécerelles, faucons, autours et vautours. Une concentration de pygargues à tête blanche niche au confluent de la rivière Touladi, de ses tributaires et du lac Témiscouata. Un séjour dans le parc national qui englobe ce milieu promet l’apparition de ce majestueux rapace. À coup sûr, on y voit aussi des cerfs de Virginie qui prolifèrent dans les forêts du Témiscouata. Ce cervidé est aussi bien présent au parc national du Bic.

Les parcs nationaux et sites naturels

Outre le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent qui couvre une portion du fleuve reconnue comme l’un des meilleurs endroits au monde pour l’observation des baleines, on trouve deux autres parcs nationaux tout aussi exceptionnels au Bas-Saint-Laurent.

Le parc national du Bic offre un moment d’immersion marine sur les bords de l’estuaire moyen. De très beaux sentiers de randonnées mènent, de grèves en plages, vers une pointe de schiste déchiquetée par le temps et les marées. Ce relief en forme de vagues qui affrontent la mer est unique. Et les baies du parc sont chargées d’histoires de contrebande à l’époque de la Prohibition. Camping, prêt-à-camper, sorties en kayak de mer, activités d’interprétation animent un séjour mémorable.

Le tout jeune parc national du Lac-Témiscouata mène, quant à lui, sur les traces millénaires des Wolastoqiyik (anciennement appelés Malécites) en transit entre la baie de Fundy et le Saint-Laurent. Ils venaient entre autres s’y ravitailler en quartzite pour fabriquer leurs pointes de flèches. Après eux, Grey Owl, le mythique défenseur des bêtes au début du 20e siècle, y a séjourné dans le but de régénérer la population de castors en déclin à l’époque. Le séjour en forêt proposé dans ce parc donne lieu à des randonnées le long du lac Témiscouata, une magnifique boucle à vélo, des sorties en canot ou en kayak sur le lac, ou encore un circuit de canot-camping sur les lacs et rivière Touladi.

Le Bas-Saint-Laurent regorge aussi de sites naturels à explorer. Les paysages bucoliques de la Société d'écologie de la batture du Kamouraska (SEBKA) ne laissent d’ailleurs personne indifférent. Escalade de parois rocheuses, randonnée et kayak de mer sont du nombre des activités à pratiquer pour vous imprégner pleinement du décor.

Une pause à Rivière-du-Loup est l’occasion de se balader au Parc de la Pointe, un secteur magnifique au bord de l’eau, à explorer à pied ou à vélo, ou au Parc des Chutes en plein cœur de la ville, où dévale la rivière du Loup du haut d’un cran rocheux. C’est aussi le point de départ du parc linéaire interprovincial Petit Témis, une piste cyclable aménagée sur le tracé d’une ancienne voie ferrée qui mène, sur 134 kilomètres, jusqu’à Dégelis. Envie de prendre le large? Du quai de la Pointe de Rivière-du-Loup, le bateau de la Société Duvetnor mène aux îles du Pot à l’Eau-de-vie et aux Lièvres où l’on séjourne en camping ou en chalet, et même en auberge aménagée dans un phare.

À partir de Rimouski, on peut envisager une excursion sur l’île Saint-Barnabé, où il est possible de camper, ou se diriger vers le haut pays, pour découvrir le Canyon des Portes de l’Enfer. En plus de la randonnée et de l'hébergement (chalets et camping), un parcours aménagé rend hommage aux draveurs qui ont travaillé dans ce périlleux secteur. Les familles apprécieront aussi une visite au Domaine Valga qui abrite un parc de sentiers aériens nommé « la Forêt de Maître Corbeau », avec des jeux en hauteur au cœur d’une forêt ancienne unique dans la région.

La culture

Naviguer le fleuve n’est pas une mince affaire. Les phares qui le jalonnent furent et demeurent précieux pour les navigateurs. Le tout premier au Québec fut érigé sur l’île Verte. Encore en fonction, il est possible de le visiter, et la jolie petite île mérite le détour. Celui de Pointe-au-Père, avec son imposante structure de béton, est névralgique dans l’estuaire. Après avoir gravi ses 128 marches pour admirer la vue, on peut poursuivre la visite du site en découvrant le sous-marin Onondaga et le musée qui présente une exposition sur l’histoire et le tragique naufrage de l’Empress of Ireland.

Beaucoup d’autres musées et centres d’interprétation racontent l’histoire de la région : ruralité, développement agricole, lieu de carrefour ferroviaire, métiers et techniques, vie artistique contemporaine, nature et environnement, etc. Le Fort Ingall, par exemple, offre diverses expositions et de l’animation faisant revivre aux visiteurs le conflit frontalier opposant les États-Unis et le Canada au 19e siècle, dans une reproduction d’une forteresse érigée à l’époque dans le Témiscouata.

Certains événements artistiques sont incontournables. Au début du mois d’août, Les Grandes Fêtes TELUS présentent une programmation enlevante mettant de l’avant une variété d’artistes québécois et internationaux, majoritairement de la scène musicale, mais aussi humoristique. Rendez-vous au parc Beauséjour de la ville de Rimouski pour les découvrir dans une ambiance électrisante! Les Concerts aux Îles du Bic, en plein mois d’août, charment à coup sûr. Consacré à la musique de chambre, l’événement propose une foule de concerts dans divers lieux originaux : le parc national du Bic, l’église et la grange octogonale de Saint-Fabien, le quai de Rimouski, etc. La qualité de la programmation et de l’interprétation en fait un festival de premier plan. À la fin août ou au début septembre, sous les rayons encore chauds du soleil, le Festi Jazz international de Rimouski mobilise le centre-ville. Cet événement qui présente des ensembles locaux, nationaux et étrangers lors de spectacles extérieurs et en salles, fait le ravissement aussi bien des musiciens que des amateurs de jazz.

La beauté du Bas-Saint-Laurent et ses traditions en matière d’exploitation agricole et maritime se reflètent dans ses saveurs. D’incroyables aventuriers du goût ont élaboré des vins et liqueurs à base d’eau d’érable à Auclair au Témiscouata! Il est possible de visiter les installations et de déguster les produits haut de gamme du Domaine Acer à l’année. La sève d’érable est aussi à la base d’un des produits de la Distillerie du St. Laurent, une eau-de-vie que l’on nomme Acérum qui est unique au Québec. Faites un saut à leurs installations de Rimouski pour en faire la dégustation, et pour découvrir d’autres spiritueux, comme le gin infusé aux algues du Saint-Laurent qui les a fait connaître à l’international. Vous êtes plus de type houblon? Un arrêt à la microbrasserie Tête d’Allumette, à Saint-André-de-Kamouraska, vous permettra de savourer une vaste sélection de bières brassées sur feu de bois, en plus de profiter d’une magnifique terrasse avec vue.

Les amateurs de sucreries fines seront comblés par les Pâtisseries et Gourmandises d’Olivier à Rimouski, qui offrent aussi une délicieuse gamme de pains et viennoiseries « pur beurre », et par la Fée gourmande à Kamouraska, réputée pour sa variété de chocolats au pur beurre de cacao. Des arrêts fréquents et des détours dans les villages permettent aussi de découvrir bien d’autres produits : anguille fumée, esturgeon frais, crabe des neiges, agneau, produits maraîchers biologiques, champignons sauvages, fromages, produits de l’érable. Tous ces produits sont source d’inspiration pour plusieurs tables bas-laurentiennes dignes de mention : Côté Est à Kamouraska, l’Auberge du Portage à Notre-Dame-du-Portage, l’Auberge de l’Anse à Rivière-du-Loup, l’Auberge du Chemin faisant à Témiscouata-sur-le-Lac, l’Auberge du Mange Grenouille au Bic, etc.

La richesse du terroir, le respect du patrimoine architectural et le charme des paysages du Bas-Saint-Laurent en font une destination de choix. Séjourner dans cette région, c’est côtoyer l’authenticité et faire le plein de bon temps.

Auteur Nathalie Le Coz

Nathalie Le Coz arpente et canote le territoire avec une curiosité et un plaisir inépuisables depuis plus de 20 ans. Sa formation en anthropologie modèle son angle d’observation du monde, sa lecture de récits des anciens, son intérêt pour les gens et leurs pratiques. Elle multiplie les interventions en milieu muséal en métiers d’art, de même qu’en histoire et en archéologie. Nathalie Le Coz a publié aux Éditions Fides : Le Québec à 5 km/h. Sur les sentiers et rivières des explorateurs (2018), Gourmands de nature. La cuisine en plein air de la petite à la grande aventure (2009) et Découvrir le Bas-Saint-Laurent. Nature et culture (2007).

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