Un repas-partage ou une grande tablée aux saveurs du Bas-Saint-Laurent est une merveilleuse et délicieuse idée. Surtout que la table est mise quand tous les intervenants invitent le voisin, le cousin, l’ami et l’associé à apporter leur spécialité et à venir s’attabler.

C’est que, dans le Bas-Saint-Laurent, le terme « économie circulaire » prend tout son sens. En achetant du pain au coin, on trouve les confitures de Monique, le sirop d’érable de Luc, l’anguille fumée de Jean et les fromages de Paul. En arrivant chez Paul, on trouve le pain qu’on vient d’acheter au coin et on te parle de la microbrasserie de Martin pour aller prendre un verre sur la terrasse parce qu’il fait trop beau.

Et ainsi de suite partout où vous aurez la chance d’aller faire vos emplettes ou prendre une bouchée. Vous êtes donc conviés dans notre périple, avec votre appétit, pour quelques arrêts gourmands dans le Bas-Saint-Laurent.

Auberge Comme au premier jour, à Saint-Pacôme

Notre voyage dans le Bas-Saint-Laurent débute à Saint-Pacôme, où nous déposons nos valises à l’Auberge Comme au premier jour, baptisée en l’honneur de la pièce du célèbre pianiste André Gagnon, natif de ce village. Nous avons adoré séjourner dans ce presbytère de 1868, restauré avec amour et respect, situé à un quart d’heure en voiture du village touristique de Kamouraska.

Dans cette grande demeure, les pièces sont spacieuses, les plafonds hauts et les portes me rappellent le collège catholique où j’ai étudié jadis. Dans la vidéo que nous avons tournée, vous découvrirez Jean et Doris, qui ont remplacé leurs instruments de techniciens oncologues au début des années 2000 pour devenir aubergistes.

En traversant la jolie porte moustiquaire du perron couvert (qui fait tout le tour de la maison!), vous apercevrez la boutique souvenir qui met de l’avant quelques artisans locaux.

On y offre petit-déjeuner, brunch et repas du soir. Les plats, inspirés des ingrédients et produits locaux qui les composent, goûtent le fait-avec-amour. On trouve ici une liste de producteurs qui ouvre l’appétit : les œufs bénédictines à l’anguille fumée des Trésors du Fleuve, le pain maison de Doris fait avec la farine bio du moulin de Saint-Roch-des-Aulnaies, l’agneau de l’Agnellerie Kamouraska, le sanglier de Saint-Alexandre, les fromages de brebis du Mouton Blanc de La Pocatière, les champignons des Méandres de Rivière-Ouelle, le poulet de grain de Saint-Onésime et bien plus encore.

Pour digérer, pourquoi ne pas monter la rue de la côte Norbert jusqu’au belvédère de la Croix? Vous pourrez admirer les maisons de bois colorées de part et d’autre du chemin, joliment entretenues par leurs propriétaires, et arriver à un des plus beaux points de vue de la région.

Après une journée bien remplie dans la région, la sérénité de l’Auberge Comme au premier jour est plus que bienvenue. Nous avons dormi comme des anges à l’ancien presbytère de Saint-Pacôme!

Côté Est et l’amour du Bas-Saint-Laurent (et du champignon forestier), à Kamouraska

En plein cœur du village pittoresque de Kamouraska, impossible de manquer Côté Est. En arrivant devant cette grande demeure centenaire, perchée devant l’estuaire du Saint-Laurent, on se sent chez nous et ailleurs à la fois. Les planchers de bois qui craquent, le grand escalier, la salle du restaurant décorée avec goût, la boutique remplie de trésors locaux et l’énorme espace terrasse à l’arrière sont toutes d’excellentes raisons de s’éterniser chez Côté Est.

Le soir venu, nous avions réservé une table pour le menu Festin mycologique, offert dans le cadre du Mois du Champignon, qui a lieu en septembre dans le Kamouraska. En jasant avec Perle Morency, pour l’entrevue vidéo, nous comprenons que l’amour du champignon forestier pour Perle et Kim Côté, les deux fondateurs et copropriétaires de Côté Est, de date pas d’hier.

On peut même réserver une véritable expérience hors des sentiers battus, l’été avec Kim. L’expérience Mycomigrateur, forfait aventure mycologique, comprend une journée complète dans le haut pays du Kamouraska. Au programme : chasse aux champignons, festin préparé en plein air et autres aventures selon les envies des joyeux passagers du Land Cruiser BJ60 1985 de Kim, véhicule et chef aussi légendaires l’un que l’autre.

Faute d’avoir le temps de partir en « off-road » nous avons tout de même pu profiter d’un véritable festin sur le thème du champignon, chez Côté Est. Même le pain était délicieux! Pas surprenant puisque Perle est la fille du couple derrière la très reconnue Boulangerie Niemand, voisine de Côté Est, à Kamouraska. Le pain au levain de seigle, enrobé de graines, était un délice et nous a rappelé d’aller faire un tour à cette boulangerie dont la réputation n’est plus à faire.

Tête d’Allumette Microbrasserie, terrasse et brassage au feu de bois, à Saint-André-de-Kamouraska

Après une belle balade dans Kamouraska (Kamou pour les intimes), une bonne bière chez Tête d’Allumette est de mise. Nous n’avions aucune idée de l’envergure de cette microbrasserie dont la terrasse et l’emplacement n’ont rien de « micro ». Reçus par Martin Desautels, le propriétaire, brasseur et allumeur de feu, nous avons adoré notre pause dans cet endroit qui se situe à quelques kilomètres paisibles à l’est de Kamouraska, en bord de mer.

Dans la vidéo, vous pourrez entendre Martin parler fièrement de son procédé de brassage au feu de bois, qui fut le premier au Québec.

Sur le menu tapas de la Tête d’Allumette, je ne suis même pas surprise de retrouver, encore une fois, des produits des copains et voisins : le pain du Farinographe (de Rimouski) dans le sandwich-saucisse, les polpettes de la Pizzeria des Battures de Notre-Dame-du-Portage, les arancini aux champignons forestiers et les pogos de… Côté Est!

Pépita, la nouvelle pizzeria du Bas-Saint-Laurent, à Saint-Germain-de-Kamouraska

Au fil des rencontres, la pizzeria Pépita, tout juste ouverte en juillet 2024, revenait sans cesse dans les discussions. C’est que les propriétaires ne sont nuls autres que Perle et Kim, propriétaires de Côté Est, Sébastien, gérant de Côté Est, et Martin, de la microbrasserie Tête d’Allumette. Les mêmes amis, à la même table partagée, une fois de plus.

En jasant entre eux, l’idée folle d’une bonne « pizz à Kamou » est née pour les locaux d’abord. La pizzeria Pépita est ouverte tous les jours de l’été (l’horaire peut varier en dehors de la haute saison) et fait déjà beaucoup parler d’elle, sans aucune publicité.

Serait-ce l’expérience des proprios, la pâte à pizza au levain de seigle, les ingrédients locaux (de l’anguille fumée sur une pizza!)? Tout ce qu’on peut dire est que nous avons adoré nos deux pizzas – et nous sommes difficiles. La pâte était savoureuse, aérienne et croustillante à la fois, les garnitures délicieuses, la sauce parfaitement balancée. Bref, une note parfaite et longue vie pour Pépita!

Coup de cœur pour le Vieux Loup de Mer et son garde-manger, à Rimouski

La route reprend, en direction du Bic, le district ouest de Rimouski. Ce secteur du Bas-Saint-Laurent est devancé par sa réputation. Le havre du Bic est un poème grandeur nature. Situé dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent, le parc national du Bic offre aux résidents et aux visiteurs ses anses, caps, îles, baies et montagnes aux effluves salines. Il fait toujours bon arriver ici, dans ce sanctuaire d’oiseaux, de golfeurs, de randonneurs et d’amants de la nature.

Pour dormir et se ravitailler, le complexe de chalets hôteliers du Vieux Loup de Mer complète l’équation du bonheur (ne manquez pas notre vidéo!). En arrivant au Vieux Loup de Mer, nous avons été accueillis par Martin Gagnon, copropriétaire et visionnaire, dans son « Garde-Manger », annexé à la réception. Produits locaux, vins d’exceptions et plats cuisinés par des chefs de la région qui ont le Bas-Saint-Laurent tatoué sur le cœur sont disponibles ici. Car, à bon entendeur, sachez qu’une fois que vous aurez mis les pieds dans votre chalet, il est possible que vous n’ayez plus envie de sortir pour le souper (le repas du soir au Québec).

Entre le poulailler et le potager débordant (en été) de belles tomates, de fines herbes et de courgettes, le simple et généreux « servez-vous » de Martin me fait déjà comprendre que j’aurais dû réserver un plus long séjour.

Nous ouvrons la porte du Canadien, un des 15 magnifiques chalets du complexe qui sont disséminés dans les bois, accrochés comme des cabanes à oiseaux sur une falaise donnant pleine vue sur le Bic. À l’intérieur des chalets, les planchers craquent comme chez grand-maman et, partout, de beaux objets chinés par Jean-Luc (l’autre copropriétaire) redonnent l’âme à ces demeures déracinées. Car l’histoire de ce lieu d’exception n’est pas banale. Chaque maison qui logera vos précieux souvenirs de vacances provient d’ailleurs au Québec. Ces jolies demeures, anciennes écoles ou maisons de ferme abandonnées ont été défaites morceau par morceau, pour être reconstruites ici, bénéficiant ainsi d’une deuxième vie.  

Chaque chalet a un foyer au bois, une cuisine bien équipée et plusieurs endroits pour vous installer en pantoufles pour profiter de votre espace hors du temps. Ici, l’apéro est de mise et je parie que vous retomberez à la case Garde-Manger pour profiter des congélateurs remplis de trésors tels un couscous d’agneau de Chez Saint-Pierre (par la célèbre et colorée cheffe québécoise Colombe Saint-Pierre) ou un repas de flétan de Frédérick Boucher (chef exécutif aux Jardins de Métis) dans le confort de votre demeure.

Grande nouvelle! Marie-Josée Collin et Bernard Beaulieu, deux amoureux de la région déjà bien établis dans la communauté rimouskoise, ont repris le gouvernail du Vieux Loup de Mer au début de l’été 2025, assurant ainsi la continuité de ce lieu magique. Jean-Luc et Martin, à l’aube d’une préretraite bien méritée, les ont choisis avec grand soin afin que ce lieu d’exception conserve le charme qui a fait sa renommée.

Carnet gourmand du Bas-Saint-Laurent

Question de vous garder en appétit, vous aurez trouvé ici une toute petite partie du carnet des saveurs du Bas-Saint-Laurent. Vous pouvez trouver bien plus d’adresses sur le site des Saveurs du Bas-Saint-Laurent, organisme voué à la promotion des produits de la région, ou dans le petit livret qu’ils ont semé un peu partout sur cette terre de gourmands.

Et, pour conclure, un petit conseil : vaut mieux ne pas trop planifier vos repas, car vous pourriez être déçus de devoir refuser une invitation à la grande tablée du Bas-Saint-Laurent.