Le blogue du Québec maritime

Une vaste mosaïque culturelle
  • Drapeau acadien aux Îles de la Madeleine
    L'île imagin'air/Tourisme Îles de la Madeleine

Une vaste mosaïque culturelle

Le peuplement du Québec maritime est tributaire de son emplacement géographique et des ressources qu’on y convoite. Au fil du temps, on vient d’un peu partout s’établir sur les rives du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent dans l’espoir d’y trouver un avenir meilleur.

En Gaspésie

À la période des premiers contacts avec les Européens, les Mi'gmaq, des Amérindiens nomades, sont les principaux occupants de la péninsule.

Au Régime français, hormis l’établissement de quelques familles, les efforts de peuplement de la Gaspésie par la sédentarisation des pêcheurs saisonniers donnent peu de résultats.

Après la conquête britannique, l'exploitation des ressources de la mer et de la forêt fournit des conditions favorables à l'extension du peuplement qui se caractérise par sa pluralité ethnique. Terre de refuge, le finistère québécois accueille deux groupes de fugitifs : des Acadiens en 1760 et, deux décennies plus tard, des Loyalistes américains. Le peuplement s’intensifie et se diversifie au gré de vagues successives. La vague britannique  (Anglais, Écossais, Irlandais et Jersiais) déferle dans la Baie-des-Chaleurs et jusqu’à la pointe de Gaspé. Elle est suivie par l’arrivée sur le littoral nord, dès la fin du 18e siècle, des Canadiens-français provenant du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-du-Sud.

Toutes ces ethnies ont enrichi la culture gaspésienne de traits distinctifs. L’apport acadien et canadien-français colore la diversité du parler gaspésien, tandis que l’apport britannique est apparent dans la toponymie (New Carlisle, New Richmond) et dans la cuisine (thé, Sea pie, Meat pie, Stew, Rosbif, Fish & Chips, Chowder, Plum Pudding).

À visiter : le circuit « À la découverte d’un Nouveau Monde », qui permet de découvrir 5 personnages marquants de la région, et le site historique Berceau du Canada à Gaspé.

Aux Îles de la Madeleine

Il semble que les Mi'gmaq, intéressés par la variété et l’abondance des espèces marines, aient fréquenté les Îles de la Madeleine avant la venue des Européens.

Les ressources de la mer sont à la base du peuplement de l’archipel. Elles sont d’abord convoitées des Basques et des Bretons qui mènent aux Îles des expéditions saisonnières de chasse au phoque et au morse, appelé communément « vache marine ». Au Régime français, la pêche à la morue et la chasse au phoque et au morse sont sous le contrôle de seigneurs peu soucieux d’y établir des colons.

Ce n’est qu’avec la Conquête anglaise, en 1765, que des établissements permanents prennent forme dans les îles du Havre Aubert et du Havre aux Maisons. Les premiers colons, engagés par le marchand Richard Gridley, sont des Acadiens en exil, victimes de leur déportation – appelé Grand Dérangement – de 1755 et de 1758.

Entre temps, d’autres Acadiens réfugiés aux îles Saint-Pierre et Miquelon, obligés de reprendre le chemin de l’exil au moment de la Révolution française, choisissent la quiétude des Îles de la Madeleine en 1793.

Au cours des années, l’arrivée de colons se diversifie, faisant place à des Français, des Canadiens français et des Britanniques : Écossais, Irlandais et Jersiais. Si les Irlandais s’établissent à la grandeur de l’archipel, les autres anglophones se concentrent autour de Grosse-Île et à l’île d’Entrée.

Vivant dans un contexte d’insularité et ne pouvant compter que sur lui-même, le Madelinot s’est forgé au fil du temps une fierté d’appartenance, une bonhomie et un sens de l’hospitalité hors du commun. On observe ces caractéristiques par leurs maisons de couleur, leur passion pour la musique et la chanson et dans ce parler madelinot aux intonations musicales qui séduit le visiteur dès les premières rencontres.

À visiter : La Grave, site historique, berceau du peuplement des Îles et de l'industrie de la pêche à Havre-Aubert, ainsi que le Musée de l'Île d'Entrée, la Petite école rouge et le Musée des Vétérans qui illustrent l'histoire et la culture de la communauté anglophone de l'archipel.

En Côte-Nord

La Côte-Nord est un pays de contrastes, réparti sur un vaste territoire couvrant près du quart de la superficie du Québec.

Parcourue par quelques explorateurs et missionnaires, la région connaît peu de développement au temps de la Nouvelle-France. Sous le règne britannique, de petits groupes d’Acadiens, d’Anglais, d’Irlandais, d’Écossais, de Jersiais et de Canadiens français se greffent aux Innus, sur place depuis déjà longtemps. Qu’est-ce qui les y attire? Pour certains, c’est l’espoir d’y trouver un travail ou un endroit pour vivre par leurs propres moyens. D’autres y recherchent une liberté d’action, un goût pour l’aventure ou la possibilité de faire de bonnes affaires.

Des Madelinots, des Gaspésiens et des gens de la rive sud du Saint-Laurent font figure de pionniers en contribuant à l’émergence de plusieurs villages.

Lors de son passage sur la côte, en 1941, l’écrivaine Gabrielle Roy affirme que cette région a beaucoup d’avenir « La Côte-Nord détient du pain, du feu, la simple joie de vivre pour des milliers d’hommes qui ne sont pas nés. Cette terre n’appartient pas aux cultures d’aujourd’hui. Elle se réserve pour les conquérants de l'avenir ».

La pêche a longtemps été la principale occupation des gens de la côte. Par la suite, une économie régionale a émergé grâce à l’exploitation minière et forestière, à l’hydroélectricité et aux activités de chasse et de pêche. Ses vastes espaces, la diversité de ses paysages, l'abondance de ses ressources fauniques et aquatiques font de la Côte-Nord une destination touristique privilégiée.

À visiter : le Centre d'interprétation des mammifères marins (CIMM) à Tadoussac, le Musée régional de la Côte-Nord et le Vieux-Poste de Sept-Îles à Sept-Îles et le Centre d'interprétation de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan à Havre-Saint-Pierre.

Au Bas-Saint-Laurent

Au moment des premiers contacts avec les Européens, on observe la présence des Wolastoqiyik (anciennement appelés Malécites ou parfois Etchemins), des chasseurs-cueilleurs qui rejoignent l’estuaire du Saint-Laurent via la rivière Saint-Jean et les portages du Témiscouata. D’autres, des Iroquoiens, des Innus et des Mi'gmaq, fréquentent de façon saisonnière le littoral sud du fleuve. Au 19e siècle, seuls les Wolastoqiyik sont établis dans le canton Viger et à Cacouna.

Au Régime français, malgré la présence de quelques seigneuries, on assiste à un maigre effort de colonisation par les seigneurs, l’effort de colonisation étant concentré dans l’axe Québec-Montréal.

C’est au 19e siècle, sous l’ère britannique, que la population bas-laurentienne croît de façon significative. Les besoins en bois de l’Angleterre favorisent l’exploitation forestière. Les scieries et les chantiers navals se multiplient. En seulement quarante ans, de 1790 à 1830, la population, majoritairement francophone, passe de 1 250 à 10 089 habitants. Cette immigration provient d’autres régions dont la Côte-du-Sud.

Le rattachement de la région au réseau routier de la colonie favorise l’occupation des terres à partir des terrasses du littoral vers les rangs de l’intérieur et les vallées du Témiscouata et de la Matapédia. Si le potentiel agricole est mis en valeur, la pêche demeure marginale.

La construction du chemin de fer Intercolonial dans les années 1870 aura une incidence sur la colonisation. Trois pôles se développent : Rivière-du-Loup, Rimouski et Matane.

L’influence française est observable dans le paysage du Bas-Saint-Laurent grâce à l’architecture traditionnelle caractérisée par la maison de type québécoise. L’omniprésence d’une idéologie cléricale chez cette population homogène francophone se répercute dans la toponymie de la région, fortement imprégnée de noms de lieux à caractère religieux.

À visiter : la maison Denis-Launière, la plus vieille maison de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk et qui abrite aujourd’hui une boutique d’artisanat, le site d’observation de Putep’t-awt, accessible par un sentier de 2 km qui permet d’approfondir ses connaissances sur la culture wolastogey, ainsi que le parc national de Lac-Témiscouata qui offre des activités en lien avec le patrimoine autochtone.   

Choisir de s’installer dans des lieux isolés du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent a représenté tout un changement de vie pour les premiers habitants. Mais l’attrait pour les grands espaces et la possibilité de refaire sa vie dans des conditions plus favorables ont conditionné les Gaspésiens, les Madelinots, les Nord-Côtiers et les Bas-Laurentiens à relever ce défi en y affichant une solidarité, une fierté d’appartenance et une joie de vivre encore très présentes aujourd’hui.

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